Le 30 mars 2022, les membres de l’APEM et de l’ADISQ se sont réunis à la Société des arts technologiques (SAT), à Montréal, à l’occasion du Sommet musique et technologie x Rendez-vous de l’ADISQ pour discuter de l’état de l’industrie de la musique au Québec sous l’angle des considérations technologiques qui l’affectent.
Animé par Myriam Fehmiu, cet après-midi de discussions a débuté par la présentation des premières données sur la consommation québécoise de musique en streaming par Marie-Julie Desrochers et Simon Claus de l’ADISQ. Bien que préliminaires, les résultats de cette recherche promettent d’éclairer davantage l’état de situation précaire dans laquelle évolue la musique d’ici sur ces plateformes. Il y a été démontré, entre autres, que le rap domine fortement la consommation de musique québécoise en streaming ; que la longévité des succès du palmarès est beaucoup plus courte en streaming qu’à la radio ; que la part des artistes québécois des écoutes en continu n’est que de 8% ; et que l’écoute en ligne des artistes du Québec a connu une baisse importante en 2020, mais que cette tendance remonte tranquillement depuis.
Par la suite, le directeur général de l’APEM Jérôme Payette est venu présenter une analyse des redevances SOCAN des éditeurs de musique pour le Québec. Selon son interprétation des chiffres obtenus auprès de la SOCAN, on observerait une baisse de 8% des redevances versées aux éditeurs depuis 2012. Une baisse attribuable en partie à un partage des redevances avec un plus grand nombre de membres éditeurs au total et à la chute des revenus provenant des diffusions traditionnelles. Les redevances issues des plateformes numériques sont en hausse, mais pas suffisamment pour contrer la baisse des redevances issues des médias traditionnels, selon Jérôme Payette. Une hausse de 36% des revenus de sources internationales a également été observée pour la même période. M. Payette a également insisté sur l’aspect de la découvrabilité et visibilité de la musique québécoise qui est intrinsèquement lié aux revenus potentiels de streaming, mais également de synchronisation et de concerts. Enfin, il a terminé sa présentation par une invitation à appuyer l’essentiel projet de loi C-11.
S’en est suivi une présentation fort intéressante de Jacynthe Plamondon-Émond, la présidente de InTempo et fondatrice d’ Amplitude Distribution, faisant part de ses observations sur la « chambre d’écho » des plateformes de streaming qui fait que les algorithmes de ces services de musique en continu limite trop souvent les auditeurs à un nombre restreint de choix musicaux partagés avec l’ensemble des auditeurs possédant des goûts similaires. Ce constat soulignant au passage l’importance des artistes similaires dans les suggestions algorithmiques qui agissent comme une boucle qui limite la découverte d’artistes hors de cette chambre d’écho. Mme Plamondon-Émond en a profité pour parler d’un projet sur la découvrabilité et l’exportation de la musique québécoise sur lequel elle travaillera en collaboration avec Jean-Robert Bisaillon et son équipe au LATICCE (Laboratoire de recherche sur la découvrabilité et les transformations des industries culturelles à l’ère du commerce électronique).
Enfin, un panel intitulé « Le secret est dans la sauce, ou comment réussir à l’ère des plateformes » a réuni sur scène Carlos Munoz (Joy Ride Records), Dorothée Parent-Roy (La Swell, Amplitude Distribution), Dix-Iple Deca (artiste et entrepreneur), Guillaume Lafrance (Éditorial Avenue) et Shanti Loiselle (Analekta). Il a été question de la part de marché de la musique québécoise et des principaux défis et des stratégies variées de ces interlocuteurs pour augmenter cette part de marché et pour mieux rejoindre leurs publics.