La chef de la direction de la SOCAN, Jennifer Brown, a présenté en détail l’approche de la SOCAN en ce qui a trait au rôle de l’intelligence artificielle dans la musique lors d’une réception organisée par Arun Chaturvedi et Tiffany Ferguson de l’Association des auteurs-compositeurs canadiens (S.A.C.) le 24 mars 2024, pendant la fin de semaine des JUNOs au QG de la SOCAN à l’hôtel Marriott Waterfront à Halifax.

« Nous devons nous assurer que les auteurs-compositeurs humains sont au cœur des préoccupations lorsque les décideurs politiques et les concédants de licence abordent la question de l’IA », a déclaré Mme Brown, devant une salle de bal remplie d’une centaine de musiciens et de représentants de l’industrie de la musique. « Tous les outils d’IA générative créent en ce moment même des chansons à partir de votre travail et de vos créations, et ça n’est pas correct. Il n’existe pas d’application d’IA capable de capturer l’expérience vécue et l’émotion comme le font nos auteurs-compositeurs… Nous nous affairons à trouver les meilleures solutions pour que ces plateformes paient pour la musique qu’elles utilisent. Ce que nous constatons, c’est qu’il est possible de faire en sorte que vous travailliez avec l’IA de manière saine en gardant le contrôle de votre œuvre et en recevant le crédit qui vous est dû lorsqu’elle est utilisée. »

Lors de l’événement, plusieurs intervenants de l’écosystème musical canadien – dont Hussain « Spek » Yoosuf, vice-président exécutif, marchés internationaux et émergents pour Reservoir Media, et Byron Pascoe, avocat de l’industrie de la musique et partenaire chez Edwards Creative Law – ont partagé leur conseil le plus utile en matière de carrière.

Haviah Mighty a pour sa part affirmé qu’il est crucial de transgresser les règles. « À mesure que je continuais à créer de la musique, je ne réalisais pas qu’en tant qu’artiste, j’enfreignais beaucoup de règles dans les espaces que j’occupais du fait même de qui je suis. Quand j’ai commencé à donner des spectacles, les gens étaient surpris de voir une femme qui est une bonne rappeuse. Ils me disaient toujours “Wow! T’es vraiment bonne pour une fille.” Le simple fait de rapper voulait dire que je brisais les règles. »

Mighty a également raconté qu’elle avait involontairement enfreint les règles en faisant partie d’un groupe rap composé de quatre femmes, The Sorority. Idem dans sa carrière solo lorsqu’elle a lancé 13 th Floor, un album si chargé socialement et politiquement qu’elle pensait honnêtement « que je me tirais une balle dans le pied » mais qui lui vaudra plutôt le prix de musique Polaris et sa bourse de 50 000$. « Au fil du temps, j’ai donc réalisé que mes succès les plus importants arrivaient quand j’enfreins les règles », a-t-elle conclu.

Mauricio Ruiz, fondateur de Mad Ruk Entertainment – une agence internationale de production de contenu qui compte parmi ses clients The Weeknd, Eminem, Future, H.E.R. et Céline Dion – a souligné l’importance de poser des questions. À titre d’exemple, il a raconté comment, en 2015, Partynextdoor a réussi à être invité dans une retraite de création exclusive pour Rihanna en plus de réussir à passer un peu de temps avec elle.

« En tant qu’auteur-compositeur créant une chanson pour Rihanna, il s’est transformé en détective. Il a posé plein de questions du genre “quel est ton sens préféré? Ton aliment préféré? Ton alcool préféré? Est-ce que tu fumes? Qu’est-ce qui t’allumes?” Il s’est 100% mis à sa place pour être capable d’écrire une chanson qui exprime vraiment ce que c’est d’être Rihanna, la personne. Une heure plus tard, Partynextdoor avait écrit “Work”. N’ayez pas peur de poser des questions. Tout le monde, peu importe à quel niveau, le fait sans arrêt. »

Pour clore l’événement, Bambii – qui venait tout juste de remporter le JUNO de l’Album électronique de l’année pour Infinity Club – a donné une prestation pour le plus grand plaisir des participants.