La SOCAN a passé les soirées du 11 et du 13 mars 2023 dans la salle des médias des galas des prix JUNO où la plupart des lauréats viennent après leur victoire pour répondre aux questions d’une salle remplie de journalistes musicaux canadiens. Voici quelques-unes de leurs réponses…
Chad Kroeger, du groupe Nickelback intronisé au Panthéon de la musique canadienne, au sujet des critiques qu’il a essuyées au fil des ans
« On est les moutons noirs de l’industrie de la musique depuis trop longtemps. C’est cool de voir que ça change. On ne tue pas des chiots. On n’est pas constamment dans la presse à potins à cause de nos frasques. On est juste quatre gars qui font de la musique et qui se sont fait traîner dans la boue et pire pendant au moins 15 ans de notre carrière de 27 ans. C’est comment? Ça fucking suce. Ça fait quoi de gagner ce prix ce soir? Comme une fucking rédemption. »
Avril Lavigne, lauréate du prix du public, au sujet de gagner des JUNOs même après 20 ans de carrière
« Je regardais ce gala quand j’étais petite, alors de revenir à mes racines comme ça c’est une belle opportunité de poser un regard sur les 20 dernières années… Je suis super reconnaissante d’être encore ici à faire de la musique, à donner des spectacles en tournée et à être aux JUNOs. Je suis vraiment reconnaissante et ça compte beaucoup pour moi. »
Aysanabee, qui a donné une prestation durant le gala télévisé, au sujet de tout le chemin qu’il a parcouru dans sa carrière en aussi peu de temps
« Je ne savais pas à quoi m’attendre après avoir collaboré avec Amanda [Rheaume] et Shoshona [Kish]. Ce sont les fondatrices de Ishkode Records, l’une des premières maisons de disques détenues par des femmes autochtones au pays. Juste de passer du temps avec elles, leurs carrières… Ç’a été fou… On a donné genre 184 spectacles l’année dernière. On a voyagé partout… On est une des maisons de disques qui travaille le plus fort au pays. Définitivement beaucoup de gratitude, mais beaucoup de travail aussi. Je ne fais pas tout ça juste pour moi, mais pour Ishkode aussi et Amanda et Shoshona, je m’implique dans tout ce qu’on essaie d’accomplir avec ce label. »
TOBi, gagnant du prix de l’album rap de l’année au sujet de ce qu’a représenté pour lui de donner une prestation avec les géants du hip-hop canadien qui lui ont ouvert le chemin
« Le monde du hip-hop a toujours eu l’impression qu’on est en marge de l’industrie de la musique et ce soir, je pense qu’on a représenté du mieux qu’on peut. On a fait ça pour toutes les voix à travers le monde qui se sentent sans voix. On porte beaucoup de poids sur nos épaules en tant qu’artistes, surtout en tant qu’artistes hip-hop, et je pense qu’on a été de bons représentants de belles façons. On est tous Canadiens, mais on peut remonter nos origines en Afrique, dans les Caraïbes et les Antilles. La mosaïque culturelle canadienne, c’est nous quand on est sur scène. Le travail qu’on accomplit est véritablement important et de grande valeur. Je suis vraiment honoré d’être sur scène avec tous ces gens. Je sais qu’ils ont ouvert le chemin pour plein de jeunes et nous allons continuer à la faire grâce à ce magnifique véhicule qu’on appelle le hip-hop. »
Jessie Reyez, gagnante du prix de l’album R&B de l’année (son cinquième JUNO) au sujet de la façon dont elle reste fidèle à ses racines malgré son succès
« Je suis vraiment chanceuse d’être entourée de gens qui se soucient vraiment de moi. Ils sont vrais avec moi, même quand l’authenticité n’est pas nécessairement quelque chose que tu veux communiquer. Je fais de mon mieux pour être présente. C’est peut-être pas la meilleure qualité à avoir, mais j’essaie constamment de m’améliorer, et ça inclut de garder les deux pieds sur terre. C’est facile d’oublier ça – les gens deviennent blasés sans arrêt dans cette industrie –, mais je m’accroche à la vie, man, et tout va bien jusqu’à maintenant, Dieu merci! »
Akeel Henry, lauréat du prix du producteur de l’année, explique comment sa production a évolué au fil des ans.
« Quand j’étais plus jeune, j’étais le genre “Je peux créer un ‘beat’ en 10 minutes”. Maintenant, ça me prend 3 semaines pour faire une chanson, mais c’est fantastique, parce que les gens écoutent enfin la musique. Avant ça, personne n’écoutait. »
Shoshona Kish de Digging Roots, qui a remporté le prix de l’artiste ou du groupe autochtone contemporain de l’année, explique ce que « Land Back » représente pour elle.
« À mes yeux, il ne s’agit pas de prendre quelque chose. Il s’agit de prendre notre place sur cette terre magnifique, de la manière la plus belle et la plus respectueuse qui soit, et de prendre le relais des gardiens originels, c’est le temps. Nos aînés peuvent nous montrer la voie à suivre. Ils connaissent les chants de la terre, ils connaissent les enseignements de la terre, ils savent comment marcher doucement sur ce lieu. Pour moi, “Land Back” c’est regarder vers eux et revenir à un endroit où nous avons le respect légitime pour ce magnifique territoire que nous partageons tous. »
Dylan Sinclair, co-lauréat (avec Savannah Ré) du prix de l’enregistrement traditionnel R&B/Soul de l’année, parle du défi que représente la diffusion de la musique R&B.
« J’ai très certainement remarqué que c’est plus difficile de percer dans le grand public en tant qu’artiste R&B. Mais personnellement, je n’ai pas de problème avec ça – du moins jusqu’ici dans ma carrière. Je crois aussi que le talent est vendeur. Le vrai talent et une bonne histoire. J’essaie juste d’être aussi honnête que je peux avec mon histoire. »
Max Kerman, d’Arkells, qui a remporté le prix du groupe de l’année pour la sixième fois (un record), sur le fait de rester fidèle à son public
« Peut-être qu’une des raisons que les gens votent pour nous c’est qu’ils savent qu’on donne tout le temps tout ce qu’on a, parce qu’on sait à quel point ce succès est précieux – et on aime ce qu’on fait. Je pense qu’une des clés de notre succès est qu’on a été capable de demeurer vraiment “groundés” dans la réalité que c’est pratiquement impossible de vivre de ça. Y a comme 0,01 % des musiciens du monde qui a la possibilité de vivre en écrivant des chansons et en les chantant pour le public. Nous, on ne perd jamais ça de vue. »
Bros. Landreth, lauréats de l’album roots contemporain de l’année, sur la façon dont le fait d’être tous les deux devenus papa pourrait affecter leur écriture.
David Landreth: « On a toujours essayé d’avoir le cœur sur la main quand on écrit une chanson. On s’efforce de ne pas se lancer dans un processus créatif avec un ordre du jour. On part avec une table rase et on explore. Quand on a fait cet album, mon fils venait de naître et la femme de Joey n’était même pas enceinte encore. Je m’attends que quand on va revenir à l’écriture, tout ça risque d’avoir une influence majeure. »
Joey Landreth: “Les enfants ont une créativité tellement pure, ils n’ont pas peur de suivre chaque aspect de leur curiosité. Je trouve ça vraiment inspirant en tant qu’artiste et j’essaie de m’en inspirer.”
Tenille Townes, lauréate de l’album country de l’année, au sujet de sa collaboration avec Bryan Adams
« Ça été un processus chimérique : j’ai gravé la chanson sur un CD et je l’ai FedExé au studio où Bryan travaille. Il a reçu l’enveloppe, l’a ouverte et s’est dit : “Oui, j’adorerais chanter sur cette chanson”. Il m’a envoyé un courriel et je n’arrive toujours pas à croire que c’est vraiment arrivé. Il a été incroyable. Il m’a appelé peu après ce premier courriel et m’a dit : “J’adore cette chanson, j’adore toutes les images qu’il y a dans le couplet”. Il avait des idées incroyables à ajouter au refrain… Je l’apprécie vraiment en tant qu’auteur-compositeur, à quel point il est visuel… On s’est souvent parlé au fil de plusieurs mois, on s’échangeait des pistes de guitare et de voix, on changeait une phrase… J’ai beaucoup appris de lui tout au long du processus. C’est un auteur tellement remarquable. »