Article par Johnson Cummins | samedi 10 octobre 2015
Les traductions pour les articles avant l’automne 2013 ne sont pas disponibles pour le moment.
It may have been bands like Montreal’s Arcade Fire and Toronto’s Broken Social Scene that kicked the door wide open on a global level for Canadian indie rock, but it’s bands like Montreal’s The Besnard Lakes that are proving our brightest is yet to shine.
Headed up by husband and wife duo Jace Lasek and Olga Goreas and rounded out by drummer/vocalist Kevin Laing and guitarist/vocalist Richard White, The Besnard Lakes’ third record, The Besnard Lakes Are the Roaring Night, is easily their most glimmering moment. Nineties-era indie-rock jangle and fuzz intertwines with soaring ’70s psychedelic sounds, progressive-rock prowess, a punk-rock sense of urgency, a rich tapestry of dense and daring instrumentation with more than enough hairpin turns to snap the neck of predictable pabulum pop.
The Besnard Lakes Are the Dark Horse, their second release, had already garnered a heap of praise on an international level, resulting in a Polaris Prize nomination last year and well-received performances at the highly touted SXSW festival, so the pressure was definitely on to follow up on its success. “Maybe I felt a little bit of pressure when we first went in to make this record,” says Goreas, “but after a couple of days I felt safe in my skin again. It was such a great pleasure making this record and it sparked off a bit of a creative renaissance for me. I think feeling that you can better yourself is part of the creative process.”
Although the band is known for a searing live show, it’s actually hunkered down in the studio where they feel most comfortable. Considering Lasek is a part owner of one of Montreal’s favorite recording spots, Breakglass Studios, the band is able to utilize unconventional studio techniques and use them as a writing tool. “We usually have ideas that we bring in and record and then build the song around it,” says Goreas. “I think our spontaneity comes in the form that we don’t really have any pre-production, and once we hit ‘record’ we basically hit the ground running. We like experimentation and to work outside of convention and only later reassess what we have and mold it into a classic song structure.”
Kaytranada : Presque parfait
Article par Ariane Gruet-Pelchat | mardi 13 octobre 2015
À 22 ans, le producteur Hubertain Kaytranada peut déjà se vanter d’avoir joué dans plus de 50 pays et d’avoir collaboré avec Mobb Deep, Mick Jenkins et Vic Mensa, ainsi qu’avec Mos Def, tout récemment, pour son spectacle de stand up à Montréal. Déjà victime d’un hit, son remix non officiel de la chanson If de Janet Jackson qui ne cesse de lui être réclamé, le productif jeune homme est signé sur le réputé label londonien XL Recording pour son premier album à paraître, intitulé 99.9%.
Arrivé d’Haïti à l’âge de trois mois, Célestin porte le bagage d’une famille de musiciens amateurs, chez qui le système de son répandait constamment du kompa. « C’était la musique qui passait tout le temps à la maison, mais mon frère et moi on voulait juste écouter du hip-hop ou du RnB », se rappelle Célestin, qui avoue toutefois que les rythmes et percussions de ces ambiances musicales imposées ont probablement fait leur bout de chemin jusqu’à son inconscient.
En effet, des premières productions de hip-hop instrumental aux plus récentes inspirées du EDM trap (adaptation électronique d’un hip-hop agressif originaire du sud des États-Unis), rares sont les pièces de Kaytranada qui distillent une humeur négative. Issu d’une famille stricte, il a dû troquer les sorties et rencontres pour d’innombrables soirées à voguer sur Internet dans le but de dénicher des raretés à échantillonner.
Entre le rock progressif et le new wave, le jeune homme aux goûts variés a particulièrement accroché sur la musique brésilienne : « c’est difficile d’expliquer comment je me sens avec la musique brésilienne. Ils mélangent tout : soul, samba, bossa nova… Leur musique est vraiment feel good et leur son est raw, on peut dire qu’ils comprennent! Et c’est en portugais, c’est vraiment un beautiful language! »
Les premiers rapports directs de Kaytranada avec la scène musicale québécoise se sont établis grâce aux réseaux sociaux, sur lesquels il publie des beat tapes depuis 2010. Il avait déjà créé des liens avec le collectif Alaiz constitué de plusieurs nouvelles têtes du hip-hop local, et voyait défiler les comptes rendus extrêmement positifs générés par les soirées Artbeat Montreal qui ont connu un succès considérable de 2011 à 2013. Les participants à ces rassemblements ponctuels de producteurs se sont même donné un nom : le « piu-piu », un terme qui désigne surtout la communauté, mais renvoie à des productions de hip-hop expérimental souvent instrumentales. Célestin a défié l’interdiction parentale pour s’inviter à la troisième de ces soirées.
« Je savais que les gens m’écoutaient, mais je ne savais pas que c’était tant que ça! »
« Je savais que j’avais juste besoin d’un show à Montréal pour que ma carrière décolle », dit-il aujourd’hui, non sans raison.
C’est aux soirées Artbeat Montreal qu’il a rencontré les rappeurs d’Alaclair Ensemble, une grande inspiration pour le jeune Saint-Hubertois qui a collaboré avec Robert Nelson pour offrir le ep Les filles du roé en 2012, alors qu’il se faisait encore appeler Kaytradamus.
S’il admire la liberté et la présence scénique d’Alaclair Ensemble, Kaytranada souhaite devenir le Arcade Fire du hip-hop; celui qui brisera une frontière encore trop opaque entre le hip-hop québécois et le succès international, tout en restant fidèle à ses racines. S’il pouvait produire des musiques pour Ariane Moffat ou Céline Dion, il en serait le premier heureux.
Depuis ses premières apparitions, Kaytranada est devenu une vraie vedette locale, mais surtout internationale. On attend impatiemment son premier disque, qui sortira sur la réputée étiquette londonienne XL Recordings (M.I.A., Adele, The XX, Tyler, The Creator) et s’intitulera 99,9% – « pour dire qu’on n’est jamais satisfait à 100% d’un album », indique Célestin.
D’un autre côté, il attend encore que l’étiquette Huh What & Where sorte son album Kaytra Thomas, initialement prévu pour 2012.
« Quand je m’appelais encore Kaytradamus, je sortais toujours des beat tapes et en plus je faisais un peu d’argent avec ça. Mais ensuite ç’a fait des problèmes avec mon gérant, qui disait que je devais attendre les communiqués de presse et tout, mais moi je veux juste donner aux fans ce qu’ils veulent! » Kaytranada est bien de son temps, et entre les collaborations officielles et non officielles, les ep, mixtapes et simples diffusés un peu partout, sa discographie est assez difficile à suivre.
Produire pour d’autres, c’est l’idéal de Kevin Célestin, pour qui les tournées de dj demeurent un peu secondaires. Malgré tout, ces tournées lui ont permis de visualiser ce qu’il ne pouvait comprendre sur les réseaux sociaux : « Je savais que les gens m’écoutaient, mais je ne savais pas que c’était tant que ça! À Londres particulièrement [ndlr : Kaytranada a récemment été l’un des rares dj en résidence de l’influente station BBC Radio 1], les gens sont vraiment des fanatiques, et c’est bizarre parce que je fais juste un set de dj et les gens deviennent fous. L’amour est beaucoup plus concret que ce que je vois sur les réseaux sociaux. Ce que tu vois en vrai, c’est ce qui est réel. Ça m’a donné de la confiance », affirme-t-il.
Sur l’album, que Kaytranada s’empresse de finaliser avant sa sortie planifiée pour l’automne, on trouvera notamment une collaboration avec le groupe The Internet. Lié au collectif ODD Future (Tyler the Creator) et formé à la base de Syd (23 ans) et Matt (26 ans), The Internet vient de sortir son troisième disque sur lequel figure une production de Kaytranada.
« Je n’ai jamais été aussi fier du résultat d’une chanson. Quand ils m’ont renvoyé ce qu’ils avaient fait sur mon beat je leur ai dit que c’était parfait, que c’était exactement ça », dit-il avant d’enchaîner en parlant de son album : « Je n’ai pas d’autre chose à dire qu’ »attention à Kaytranada, le vrai Kaytranada s’en vient! » [rires] »
L’intensément Torontois premier album de Jazz Cartier
Article par Aaron Brophy | mercredi 7 octobre 2015
Sur la pièce Marauding In Paradise, la pièce maîtresse de son premier album intitulé « The Downtown Cliché », le rappeur torontois Jazz Cartier va droit au but :
« I don’t see you n___as downtown, I don’t see you n___as downtown/ I don’t see you n___as on road, I don’t see you n___as on road », répète-t-il inlassablement, jusqu’à ce que le message passe : que ça vous plaise ou non, il est là pour rester.
C’est un cri de guerre sans complexes qui s’inscrit sur un album qui, autrement, traite de la même manière des sujets comme les relations interpersonnelles, l’autodétermination et les pièges inhérents à la poursuite de son art. C’est un album qui signale l’arrivée sur la scène rap torontoise de celui qui pourrait fort bien en devenir la prochaine star.
Né à Toronto, Jazz Cartier, de son vrai nom Jaye Adams, a été élevé par un beau-père diplomate qui voyageait partout dans le monde et lui a fait visiter des endroits aussi disparates que la Barbade, Houston, le Koweït, Atlanta ou l’Idaho. La stratégie du jeune homme face à tous ces déplacements : écouter de la musique.
« Écouter de la musique, c’est vraiment tout ce que je faisais à longueur de journée. »
« C’est vraiment tout ce que je faisais à longueur de journée », raconte Cartier au sujet de ces moments de solitude. « Toute la journée. Ma mère avait une collection de CDs respectable, plus de 300 disques. Chaque jour, je me faisais un point d’honneur de découvrir quelque chose de nouveau, un nouveau genre, une nouvelle époque, afin d’élargir mes horizons. »
C’est toutefois à Toronto qu’il revenait constamment pour les vacances familiales, c’est là qu’il se sentait le plus chez lui. En 2012, il s’y est donc installé en compagnie de son producteur et homme de main, Michael Lantz, afin de commencer à travailler sur cet album intensément torontois, Marauding In Paradise.
« Feel Something », une pièce où il rumine sur la drogue, la solitude et la dépression lui a été inspirée par une nuit passée à l’événement Nuit Blanche. Sur « New To Me », dans ce qui sans doute une première dans le monde du hip-hop, le rappeur mentionne le nom de l’ancien joueur des Maple Leafs, Mason Raymond. Avec ses images éthyliques de Kensington Market, de fêtes au Thompson Hotel et de studios d’enregistrement à Scarborough, on peut dire que la Ville Reine fait vraiment partie intégrante de Marauding.
Le véritable chef-d’œuvre de l’album demeure néanmoins « Rose Quartz/Like Crazy », une exploration ultra moderne des relations interpersonnelles qui a de bonnes chances de vous troubler profondément.
Divisée en trois mouvements distincts, l’histoire des hauts et des bas des relations de Cartier sont séparées par deux entractes, l’un étant un échantillonnage de la pièce « Rose Quartz » du musicien chillwave Toro y Moi et l’autre, un extrait inconfortable de dialogue tiré du drame romantique de 2011, Like Crazy, où l’on peut entendre les personnages interprétés par Anton Yelchin et Felicity Jones argumenter au sujet de l’infidélité et du genre de preuves incriminantes que l’on peut parfois trouver sur un téléphone mobile.
« C’est très personnel », confie Cartier, qui s’est servi d’un message qu’il a lui-même reçu comme base pour un des couplets de la chanson. « Tout a commencé par un texto que j’ai reçu et dont la première phrase est carrément devenue la première phrase de la chanson : “Tu n’as besoin de moi que lorsque tu te sens seul”. Quant au film Like Crazy, ç’a toujours été un de mes préférés. J’ai donc écrit la partie Like Crazy de la pièce en me repassant en boucle cette scène particulière en tête. »
Cette approche de création de pièces à plusieurs mouvements, Cartier l’utilise d’ailleurs sur plus d’une pièce de Marauding, dont notamment « Flashiago / A Sober Drowning », « Forever Ready / Band On a Bible » et « Secrets Safe / Local Celebrity Freestyle ». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard. « J’adore cette idée de deux chansons en une », explique-t-il au sujet de cette approche. « C’est un truc que je vais utiliser aussi longtemps que je peux. »
Ça ne devrait pas être trop difficile de le reconnaître quand il le fera : il sera celui qui est « downtown ». Faits saillants
Le tennis est le sport de choix de Jazz Cartier. « Je suis ultra compétitif et je déteste perdre », s’enorgueillit-il. « Et lorsque je perds, c’est uniquement de ma faute et j’en prends l’entière responsabilité. »
Cartier fait très peu d’apparitions sur les chansons des autres. « Si je me sens obligé de travailler avec vous, c’est pour moi comme coucher avec quelqu’un que je ne connais pas », lance-t-il. « C’est peut-être plaisant sur le moment, mais après, on se sent comme de la merde, “mais qu’est-ce que j’ai fait là?” »
Cartier est presque imperceptiblement bègue. « Parfois je suis pleinement en contrôle et c’est sans faille », confie-t-il. « À d’autres moments, si vous me demandez quelque chose et que je dois y penser et chercher un mot, j’essaie d’en trouver un autre et je dois faire un effort pour le sortir. »
PVI
Éditeur : aucun
Discogaphie : Marauding In Paradise (2015)
Visitez le http://www.jazzcartier.com/
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