Les membres du duo Young Bombs ont signé leur premier remix officiel en 2015 quand on les a chargés de mettre leur imprimatur sur la chanson « Teacher » de la vedette pop Nick Jonas. Bien qu’il y ait là de quoi être fier, le duo vancouvérois se souvient de ce processus comme quelque chose d’« hyper pointilleux », comme l’exprime dans ses mots Martin Kottmeier. « On s’était mis tellement de pression parce qu’on n’avait jamais rien fait d’aussi gros ou pour un artiste d’une telle stature. » Il affirme néanmoins que cette expérience des plus stressantes lui a appris, ainsi qu’à son collègue Tristan Norton, une leçon importante qu’ils ont depuis appliquée à leurs autres productions et remixes : « faire de la musique doit être amusant et expressif. »

Depuis, Young Bombs a ajouté de nombreux artistes importants à sa feuille de route de remixes, dont notamment Lady Gaga, Selena Gomez, Post Malone et Khalid. Du côté de l’EDM, leurs productions ont été saluées par des noms non moins importants comme Tiësto, Don Diablo, Oliver Heldens, The Chainsmokers et Galantis, ce que, dans les mots de Martin « veux tout dire pour nous, ces gens-là sont nos héros, alors chaque fois qu’ils soutiennent nos productions ou nous témoignent leur appréciation, c’est une leçon d’humilité. »

L’an dernier seulement, Young Bombs a produit 45 remixes et le duo a cumulé plus de 100 millions d’écoutes en à peine quatre ans. Ils ont donc décidé, cette année, de passer à la prochaine étape logique de leur évolution : écrire leurs propres chansons. En mars, Young Bombs a lancé « Starry Eyes », une pièce dance stellaire pleine de battements de mains, et de pistes de voix superposées qui s’amalgament pour former un bijou électro pop irrésistible.

Young Bombs a déjà lancé un nouveau simple, « Don’t Let Them », qui est en lice pour le titre de chanson de l’été, et le duo a hâte de continuer à produire du nouveau matériel et à collaborer avec d’autres artistes. Qui figure à leur liste de collaborateurs de rêve ? Caleb Followill de Kings of Leon et Lou Bega, du célèbre mégasuccès « Mambo No. 5 ». « Son travail est incomparable et trop souvent ignoré », ajoute Kottmeier au sujet du mégasuccès de Bega. « Ramenez Lou ! »



Le 16 juillet dernier, l’organisation du Prix de musique Polaris dévoilait la liste des dix albums candidats au titre du meilleur album canadien de l’année, titre qui sera décerné le 14 septembre prochain à Toronto. Du lot, une grande surprise : la nomination de Le Mal, premier album du quartet FET.NAT, qui suivait six mini-albums parus durant la décennie. « On ne s’attendait pas du tout à ça, même apprendre qu’on faisait la longue liste était étonnant pour nous », admet le multi-instrumentiste Olivier Fairfield.

« En fait, on n’a jamais vraiment opéré avec cet objectif-là, poursuit le musicien. Ça fait presque dix ans qu’on fait des disques, qu’on donne des concerts, on a notre « fan base », tout fonctionne très bien, mais il semble que depuis la sortie du dernier c’est… c’est comme si la réalité qui entoure la façon dont on fait les choses avait changé. Tout d’un coup, les gens sont fascinés [par notre travail], et pas juste les fans, pas seulement ceux qui aiment un type de musique précis. Tout est devenu plus gros et ça, on ne s’y attendait pas du tout. »

C’est que le groupe basé à Hull a toujours fait cette musique pour lui d’abord et à sa manière, sans chercher à entrer dans le moule, pour reprendre l’expression qui repousse les apôtres du « do it yourself », ce que sont les quatre gars de FET.NAT – tous musiciens autodidactes, Pierre-Luc Clément aux guitares, Linsey Wellman au saxophone, JFNO (Jean-François Nault) aux textes et au chant et Fairfield, à la batterie et aux synthés sur scène, aux commandes du navire en studio.

Leur son est un défi à décrire, ce qui constitue déjà une bonne raison de s’empresser d’écouter Le Mal. Une attitude et une énergie punk plaquée sur d’intrigants collages sonores, jeux de textures et rythmiques électroniques desquels éructe un jet de free jazz, l’improvisation faisant partie intégrante de leur démarche. « À toutes les fois qu’on se fixe un but concret, qu’on se dit : On devrait explorer cette esthétique-là, cette direction musicale, c’est un échec total », rigole Olivier pour ajouter au flou de leur approche. « Ce qui finit par se passer en studio, c’est qu’on ramasse des bouts d’idées, généralement improbables, et on les suit. Et ça finit par donner des résultats intéressants. »

« Donc, tenter de circonscrire notre style ou le genre de méthode qu’on emploie est un peu difficile », enchaîne Olivier qui, hors de FET.NAT, travaille comme réalisateur (pour Medhi Cayenne Club, entre autres) et accompagnateur (pour Leif Vollebeck). « Ce qu’on peut dire par contre, c’est qu’on est ouvert à tout, même les styles qui font rire, c’est ça qui est le fun. Les idées très mauvaises, drôles ou farfelues qu’on trouve peuvent devenir sérieuses assez vite. » Abonnés au Festival international de musique actuelle de Victoriaville et au Suoni per il Popolo, FET.NAT fait des disques épris de liberté et d’expérimentation que l’on ne devrait normalement pas retrouver sur la même courte liste que le dernier disque de Jessie Reyes, pour ainsi dire.

Ainsi, le travail de composition se fait avec le même instinct, la même propension à aller où le groupe ne s’était encore rendu. Tout le monde met la main à la pâte, mais JFNO se charge avant tout des textes, « mais les autres aussi contribuent.  Par exemple, une de ses façons d’écrire les textes : il a ouvert un Google Doc privé où il met ce qu’il écrit pour qu’on s’en serve. Or, j’allais puiser dans ces textes que je passais dans un outil de synthèse vocale [text-to-speech, qui génère une lecture audio du texte]. Après, je pouvais changer la vitesse du débit, le registre de la voix de l’ordinateur, ces choses-là. En mettant cet outil dans le processus de création, ça générait de nouvelles idées », certaines voix synthétiques ayant été gardées sur l’album, ou bien JF réinterprétait le texte à la manière de la synthèse vocale.

La nomination sur la courte liste du Polaris bouleverse FET.NAT jusque dans ses racines. Dès ses débuts, les Outaouais s’identifient au mouvement Rock in Opposition du groupe rock avant-gardiste/expérimental et militant anti-capitaliste britannique Henry Cow de Fred Frith, mouvement créé à la fin des années ‘70 pour manifester contre l’industrie musicale qui levaient le nez sur leur musique faite sans compromis.

« Dès le début de FET.NAT, on fait les choses pour nous-même, mais aussi on autoproduit tout ce qu’on fait. Des subventions, on n’en a jamais demandé – tout est produit par nous, de l’enregistrement jusqu’à l’impression des disques, c’est entre autres pour cette raison qu’on est étonnés d’avoir été considérés pour le prix Polaris. Cela dit, notre filiation avec Rock in Opposition n’est pas par mépris pour tout ce qui est différent de ce qu’on fait. C’est simplement qu’on a toujours tenu à faire les choses à notre manière. C’est dans la nature du groupe, dans la nature surtout de l’ensemble des personnalités des membres du groupe… pour le meilleur et pour le pire! »

« Le Polaris, ça nous place donc dans une drôle de situation. En fait, ça nous force à nous regarder en nous disant : on fait quoi, on est quoi là-dedans? Est-ce qu’on est encore « rock in opposition »? On vit une petite crise d’identité – qu’on prend à la légère quand même… »



La première chose qui nous passe par la tête quand on pense au chanteur et leader du groupe Glass Tiger est qu’il n’est vraiment pas tuable !

Vous saviez peut-être qu’il a été terrassé par un AVC en 2005, mais ce n’est pas la première, la seule ou la pire des vicissitudes qui l’ont accablé. Peu de temps avec l’AVC il y a eu une rétine décollée. Plus récemment, 11 jours avant la tournée printemps/été en première partie de Corey Hart, « j’ai mangé quelque chose de vraiment mauvais, et j’ai été violemment malade en plein milieu de la nuit. Je perdais une quantité phénoménale de fluides et lorsque je me suis levé, peut-être un peu trop vite, je me suis immédiatement effondré. Ils m’ont dit que j’avais dû m’effondrer comme si j’avais reçu une balle dans la tête. Je me suis amoché le visage et subi deux fractures dans le cou… J’ai dû subir d’importantes chirurgies. » Et tu ne crois pas que quelqu’un là-haut (ou en bas) essaie de t’envoyer un message ? « Non, non », dit-il en riant avec d’ajouter que « ç’a quand même été des années assez brutales. »

La chute s’est produite le 20 mai, il a été opéré le 25 mai et la tournée débutait le 31 mai. Il est monté sur scène, fidèle à sa devise « no surrender » (pas de capitulation). Lorsqu’il revient sur les derniers mois, Frew se surprend lui-même d’avoir réussi à voir le bon côté des choses malgré tout ce qui lui est arrivé.

« Si vous la cherchez attentivement, il y a toujours une lumière au bout du tunnel. »

« Aussi absurde que ça puisse paraître, dit-il, incrédule, si vous la cherchez attentivement, il y a toujours une lumière au bout du tunnel. Pendant cette tournée, mes mouvements étaient très limités, mais ça n’est pas comme si, à mon âge, j’aurais couru d’un bout à l’autre de la scène, de toute façon ! Le plus drôle dans tout ça, c’est que ma voix n’a jamais été aussi en forme. Peut-être que je suis le seul à s’en rendre compte, mais il y a une interaction entre le traumatisme, la douleur et ma façon de chanter qui est un peu plus émotive, relevée et pleine de passion. » Les critiques dithyrambiques démontrent qu’il n’est clairement pas le seul à l’avoir remarqué.

La tournée tombait à pic pour la promotion du nouveau EP de 6 chansons du groupe intitulé 33, la première parution de nouveau matériel par Glass Tiger depuis 1991. Certains des titres semblent avoir été inspirés une sombre réflexion post-traumatique, mais Frew ne croit pas que c’est le cas. Selon lui, il s’agit d’un « ramassis éclectique de musiques et de paroles pré- et post-AVC ».

« Le gros morceau du EP, “Dying is Easy (With You)’ a été écrit avant l’AVC. Il n’a donc pas de racines dans un sentiment d’être passé tout près de la fin. “This Is Your Life’ est très récente. Je n’ai évidemment pas eu à creuser beaucoup pour trouver un lien entre ce qui m’est arrivé et la manière dont je chante cette chanson, mais il y a sûrement quelque chose de plus profond, au niveau du subconscient. »

Frew affirme être particulièrement fier de ce EP. « Il n’y a pas deux chansons pareilles », dit-il, les qualifiant « d’hommage au groupe que nous étions à nos débuts, avant EMI… Lorsqu’on jouait autant des “hits’ de The Police ou Duran Duran que des reprises de Led Zeppelin, Def Leppard et The Scorpions. »

Quatre des cinq membres originaux de Glass Tiger version 1983 sont toujours ensemble ; Frew, Sam Reid aux claviers, Al Connelly à la guitare et Wayne Parker à la basse, tandis que le batteur Chris McNeill est relativement un nouveau venu, s’étant joint au groupe en 2000. « Sam Reid, c’est la fondation », dit Frew. « Il est mon roc. Sans lui à mes côtés, ce groupe n’existerait pas. Al et Wayne sont comme nos frères. On se complémente tous. Je crois que ce EP n’aurait pas pu être lancé par un groupe qui n’a pas 40 ans d’histoire commune. »

Glass Tiger donnera quelques spectacles en août, octobre et novembre avant d’effectuer une mini-tournée de cinq villes au Québec à la fin du mois de décembre.