Le talent et le « flow » du rappeur originaire de Mississauga ont d’ores et déjà attiré l’attention de plusieurs grands noms américains. À preuve, il a été mis sous contrat par un des rois du hip-hop, Raekwon – de la grande famille Wu-Tang Clan – sur son label Ice H20 Records.

Le premier « mixtape » de Era, intitulé No Handouts, est paru en avril 2012 et a très bien été accueilli par la critique et les fans. Peu de temps après, il partait en tournée avec Raekwon pour donner 40 spectacles aux États-Unis et au Canada, ce qui lui a permis de se faire de nombreux admirateurs. Il a également donné un spectacle en plein air gratuit au Dundas Square de Toronto dans le cadre du festival North by Northeast où il partageait la scène avec ledit Raekwon ainsi que Ghostface Killah, un autre membre du clan Wu-Tang.

Il montera sur scène dans le cadre de l’édition 2013 du Canadian Music Week et il prépare actuellement son deuxième « mixtape » ainsi que son premier album.



Sans le savoir, la musique de Laurent Guardo s’immisce quotidiennement dans vos oreilles. Un coup d’œil à la longue liste de ses réalisations d’indicatifs musicaux pour la télé et la radio permet de découvrir qu’il est le créateur de l’habillage sonore d’émissions aussi diverses que Desautels, La Facture, Musicographie, et plusieurs autres pour des chaînes comme Radio-Canada, RDI, MusiquePlus, Musimax, LCN, Canal D et Canal Vie, entre autres.

En vingt ans de carrière, le compositeur, parolier et producteur s’est bâti une solide réputation qui lui a valu plusieurs prix de la SOCAN dans la catégorie musique de télévision. Pourtant, il s’en est fallu de peu pour qu’il change de champ d’intérêt au moment fatidique de faire face à son choix de carrière : « En fait, explique Laurent, j’avais planifié d’entrer en sciences pures au cégep, et à la dernière seconde, j’ai décidé d’aller en musique! J’ai étudié en percussions classiques au Conservatoire et j’ai fait un bac en musique à l’Université de Montréal. C’est un de mes professeurs, Massimo Rossi, qui m’a poussé vers l’écriture. Il m’a dit que je n’avais aucune technique d’écriture, mais que j’avais de bonnes idées… De fil en aiguille, j’ai commencé à composer et ç’a vraiment décollé il y a huit ans, alors que j’ai remporté un appel d’offres pour l’habillage musical d’émissions d’information de Radio-Canada et de RDI. Ça m’a donné beaucoup de travail pendant quatre ans! »

On imagine facilement que la création d’habillage musical radio et de thèmes d’émission télé est un processus très contraignant, et qu’il doit y avoir pas mal de monde ayant son mot à dire sur le résultat final. Pourtant, Laurent Guardo a toujours su conserver sa signature sonore distinctive : des sonorités modernes et dynamiques, mais avec un rendu chaleureux et une touche ethnique subtile. « Jusqu’à maintenant j’ai été assez chanceux, les gens qui m’ont engagé m’ont pas mal laissé carte blanche. Au-delà du contenu de l’émission ou de sa case horaire, j’ai tendance à me fier davantage aux émotions qu’on souhaite communiquer. Ce qui fait que parfois, même si on me demande une musique très techno, je peux arriver avec une proposition qui soit entièrement faite à la guitare sèche. Mais comme l’émotion de départ est atteinte, le client est satisfait. L’effet recherché est plus important que le style ou le choix de l’instrument, en fin de compte. »[pullquote«]Si un échantillon est là pour imiter un violoncelle, c’est certain qu’un vrai violoncelle va être mille fois mieux que l’échantillon. »[/pullquote]

Laurent se fait d’ailleurs une fierté d’utiliser surtout de vrais instruments (dont quelques instruments balinais dénichés lors d’un de ses voyages touristico-musicaux), contrairement à la tendance généralisée dans ce secteur où le recours à l’échantillonnage à partir de librairies sonores est monnaie courante. « Je pense qu’il y a des échantillonnages qui peuvent être judicieux, et j’en utilise à l’occasion. Le danger des échantillons, c’est que tout le monde utilise les mêmes sons. Tout finit par se ressembler. Quand j’utilise des échantillonnages, c’est avec des sons de mes instruments, que je transforme en quelque chose que les vrais instruments ne peuvent pas produire. Pour donner au son une twist, une couleur, une forme qui ne seraient pas possibles autrement. Si un échantillon est là pour imiter un violoncelle, c’est certain qu’un vrai violoncelle va être mille fois mieux que l’échantillon. Je trouve ça ridicule, surtout quand ce n’est que pour éviter d’engager un musicien et économiser une couple de cent dollars… »

Mais les derniers mois de Laurent Guardo ont surtout été occupés à passer de la composition sur commande, dans des formats variant entre une seconde et demie et 45 secondes, à une liberté créative totale sur les pièces de près de 10 minutes de son premier album, Songs of Experience. Pour ce disque à saveur trip hop lounge, produit à compte d’auteur et de manière totalement indépendante, il s’est entouré de précieux collaborateurs, dont Paul Brochu, Ranee Lee, Éric Auclair et Mary Lou Gauthier. Le résultat est une musique sensuelle et évanescente qui sert d’écrin aux écrits du poète préromantique britannique William Blake (1757-1827).

« Les thématiques que Blake aborde dans ses poèmes sont universelles et intemporelles, explique Laurent Guardo. C’était des thèmes pertinents à la fin des années 1800 et ils le sont encore aujourd’hui. L’innocence des enfants détruite par la méchanceté des adultes, l’intolérance du fanatisme religieux, les forces de la nature, la vie qui passe, les relations amoureuses… Et il y a un rythme dans ses poèmes qui me parle beaucoup, j’y perçois presque automatiquement la musique. Chaque pièce de Songs of Experience est comme un film sonore qui raconte l’histoire et les émotions que je perçois dans ses poèmes. »

En plus de la suite à ce premier opus, Songs of Innocence, album qu’il annonce davantage teinté par ses influences ethniques et qu’il souhaite lancer d’ici un an, il travaille également avec Daniel Lavoie à un album de musique de la Renaissance, La Licorne captive, dont il a composé toutes les musiques et écrit les textes à l’exception de deux poèmes de Rimbaud. « C’est un projet de longue date et il y a un an et demi, Daniel Lavoie a accepté de chanter sur toutes les pièces qui sont des chansons inspirées de vieilles légendes. Il y a toutes sortes de percussions ethniques et un mélange d’instruments d’époque comme de la viole de gambe et l’archiluth, ainsi que des instruments modernes. C’est presque prêt à voir le jour, j’espère que ça sortira bientôt. Mais c’est le genre de projet avec lequel il faut être patient… »

Laurent Guardo, un orfèvre de sa profession et un compositeur à découvrir au delà des musiques que nous pouvons tous fredonner.



C’est vers l’âge de 13 ans que David Giguère écrit ses premières esquisses de chansons et concocte un obscur album rap avec l’aide d’un professeur d’art dramatique. Poussé par sa passion grandissante pour le jeu, il étudie ensuite le théâtre au Collège Lionel-Groulx et, en 2008, fait la découverte d’un instrument qui le marquera : le piano. « Je te jure que j’ai pogné de quoi! L’école de théâtre était très intense. Au moment même où l’on me disait quoi faire et comment faire les choses en tant que comédien, j’ai découvert ce bel instrument et j’ai eu envie d’écrire des chansons sans réelle structure. Les seules bases, c’est moi qui me les donnais. J’avais soif de liberté, » raconte le jeune homme, aujourd’hui âgé de 24 ans.

Alors que David termine sa formation de comédien en 2010, l’envie de monter sur les planches et de faire entendre ses compositions le tenaille. Accompagné par une poignée d’amis musiciens, il fait des vagues dans de petites salles montréalaises grâce à sa présence scénique assurée. Lorsque des gens de l’industrie s’intéressent à lui, l’artiste cherche à tout prix les oreilles attentives. C’est lors du spectacle Chante avec moi d’Olivier Choinière qu’il croise Philippe Brault (Pierre Lapointe). « Il m’a dit que la meilleure gérante qu’il connaissait était Stéphanie Moffatt. Nous nous sommes rencontrés dans un café et ça a cliqué. Ensuite, j’ai continué de travailler sur l’album. Puis, on a examiné les choix qui s’offraient à nous. Plusieurs étiquettes étaient intéressées, mais il y avait un esprit de famille chez Audiogram qu’on ne retrouvait pas ailleurs. Ils donnaient une grande liberté à l’artiste, ce qui est important pour moi. Ils avaient des idées et tout ce qu’il faut pour que je pousse mon projet encore plus loin afin d’atteindre les objectifs que je m’étais fixés, » avance le mélomane averti, admirateur de Serge Gainsbourg, Gilbert Bécaud et Jimmy Hunt.

Je suis constamment dans une recherche d’honnêteté. Je ne veux pas jouer à avoir du fun. Je veux avoir du fun pour vrai.

Épaulé par Pierre-Philippe Côté (alias Pilou) à la réalisation, Giguère sait bien s’entourer. Rapidement, il recrute une autre alliée prestigieuse. Sœur de Stéphanie, Ariane Moffatt se greffe au projet à titre de directrice artistique. « Ce qui me plaît le plus dans ce métier, ce sont les rencontres, et Ariane m’a appris un tas de choses. Elle fut d’une grande générosité, présente lors de toutes les étapes du projet pendant un mois complet, chaque jour. Elle est arrivée alors que la pré-production était déjà passablement avancée. Ce qu’elle a amené est un niveau d’expérience exceptionnel. J’avais des interrogations, des inquiétudes et elle a pris le temps de répondre à toutes mes questions. C’était bien d’avoir un œil extérieur issu du milieu de la pop. On était trois à prendre des décisions tout au long du processus, » assure-t-il.

Résultat : Hisser haut, un premier album qui voit le jour en janvier 2012. À mi-chemin entre la pop et les sonorités électro, le compact séduit avec ses fortes mélodies et des textes d’une étonnante maturité. Entièrement écrit et composé par Giguère, Hisser haut est un opus dont l’élaboration ne fut pas de tout repos pour l’artiste. « Je me suis occupé de toutes les étapes de ce projet. Autant pour la pochette où je me suis retrouvé dans un chalet avec un graphiste pendant six jours, le mastering, les arrangements (avec Pilou). Ce fut énormément de travail, mais en même temps, c’était important que l’album et tout ce qui l’accompagne soient le plus représentatif possible de ma personne. Tu sais, les thèmes de Hisser haut remontent à il y a longtemps. Je parle d’enfance, de naïveté, de la rencontre avec l’être aimé. Il y avait des thèmes précis que je voulais explorer. À vrai dire, ce premier disque représente ma vie jusqu’à mes 22 ans, » soutient-il.

Celui qui a récemment aménagé un mini studio chez lui sera fort occupé au cours des prochains mois. Après une escale de dix jours au Brésil en mars (« une formule guitare/sons électro avec ma choriste », David reviendra à la maison pour se remettre à la composition. Puis, en avril, c’est la Corée qui l’attend alors qu’il participera à la pièce Caligula (remix) de Marc Beaupré. Fin de parcours au Viêt-Nam et au Laos. « Assurément, ce sont des escapades qui vont me nourrir pour le prochain album. Même si je n’ai pas encore de chansons prêtes, j’aimerais l’enregistrer cet été et le sortir le plus rapidement possible. Au cours de la dernière année, j’ai compris comment fonctionnait le milieu de la chanson. Plus question de répéter les mêmes erreurs. J’ai maintenant le goût que ça se passe comme j’en ai envie. Je suis constamment en recherche d’honnêteté. Je ne veux pas jouer à avoir du fun. Je veux avoir du fun pour vrai. »