Le 22e disque de Roch Voisine est lancé ; dix nouvelles chansons de pop contagieuse finement conçues et arrangées sont prêtes à prendre d’assaut toutes les radios de la francophonie. Et pourquoi pas, de la planète ; avec une telle armada de refrains imparables et de mélodies gagnantes qui outrepassent la simple considération linguistique. Devant nous, titre de l’album, livre ses promesses d’un retour à la pop concluant après dix années à se ressourcer hors de son terrain de jeu habituel.

« Au cours de cette période, explique Roch Voisine au bout du fil, j’ai fait trois disques de chansons americana (entre folk et country), deux autres, Confidences et Duophonique, qui étaient des projets, du crooning avec Forever Gentlemen (avec Corneille et Garou), puis il y a deux ans, j’ai publié Movin’ On Maybe chanté en anglais… c’est très varié ! Mais j’ai réalisé que si je voulais arriver avec quelque chose de porteur, qui rejoint le monde où ils sont, maintenant, fallait que je fasse un retour vers la pop. La vie change, et on ne touche plus aux gens de la même façon ».

Mais comment ?

« Avant de se lancer dans la production de cet album, mon gérant Mario Lefebvre et moi on voulait se mettre au goût du jour, à savoir comment on allait s’adapter : le public n’écoute plus la musique de la même façon. Je voulais aussi changer ma façon de travailler, avoir une équipe différente, bref, je voulais me renouveler. Et Mario a su monter une belle équipe, les conditions étaient réunies pour que je puisse travailler comme moi je le voulais. D’abord et avant tout, je savais qu’il n’y aurait pas beaucoup de balades ou des petites chansons d’amour. J’avais en tête des chansons qui font bouger et qui sont fédératrices ».

« Mon problème, admet-il, ce n’était pas le fait que j’avais perdu le goût d’écrire des chansons, mais plutôt que je voulais un format musical qui est davantage porteur. Un moment donné t’arrives à un âge dans ta carrière où t’as envie de toucher plus de monde avec tes chansons qu’à un petit groupe. Avec des thèmes plus universels et un regard tourné vers l’avenir. Il y a moyen de faire de la pop intelligente et je pense que ces dix chansons en font la démonstration ».

Plusieurs collaborateurs d’ici et d’Europe ont signé textes et musiques, mais le rôle majeur de cette nouvelle odyssée a été confié à Jay Lefebvre (qui cumule les rôles de compositeur, coréalisateur et arrangeur), aussi partenaire de création de Simple Plan.

« J’ai eu des défis, confie Voisine. L’un d’eux a été de chanter Entre mes mains. C’est pop au max, les rythmes sont brisés, je me demandais comment j’allais la livrer correctement ».  Tout me ramène à toi, le premier single, s’est rapidement hissé en première position du top 100 francophone au Canada. « On a fait un refrain avec un couplet et la magie a opéré, on n’a pas eu à la retoucher. Devant nous (chanson titre) devait être au départ une ballade et en cours de route est devenue plus up tempo. Mais parfois, en ralentissant la cadence, la signification des mots ressort, surtout en français. »

Roch Voisine

Roch Voisine au Gala de la SOCAN 2016. (Photo : Frédérique Ménard-Aubin)

Le disque a été réalisé au mois de novembre et décembre 2016 dans trois studios différents. Deux mois auparavant, le 12 septembre, Roch Voisine a participé au 27e Gala de la SOCAN à Montréal dans le cadre d’un hommage musical à Luc Plamondon. Seul, il reprit avec émotion Ma mère chantait toujours, sacrée Classique de la SOCAN ce soir-là, écrite par le parolier et que Voisine interprétait déjà il y a 25 ans.

Mais pour la première fois de sa carrière – étonnant tout de même – Voisine a chanté du Plamondon sur son nouveau disque : « je ne voulais pas d’une chanson de Luc Plamondon, je voulais écrire AVEC Luc Plamondon, précise-t-il. Ce dernier a écrit le texte de Nos Combats et le chanteur a composé la musique tout en travaillant les mots choisis de l’illustre parolier.

Corneille, l’un des trois Gentlemen avec Garou a invité son ami Barnev Valsaint pour faire des harmonies de voix. « C’est un ami personnel et on habite à cinq minutes. Je lui disais : quand tu auras déposé ton fils à l’école, viens donc faire un tour à la maison, prendre un café, échanger des idées… »

Propriétaire de la totalité de son catalogue musical de 22 albums et de ses éditions, Roch Voisine a compris qu’un R.V. International bien organisé, du studio à la scène, de la production à la gestion du patrimoine, était de mise. Hélène est à lui. Et le sera pour toujours.

« Si tu veux passer à la radio et que tu ne fais pas de pop, bonne chance. Les marchés changent d’un pays à l’autre et je me situe au milieu de cette francophonie. Le but étant que ça tourne partout ! La radio en France se transforme et se cherche tellement, ici on est privilégié, il y a encore une radio adulte qui laisse de la place à ses artistes. Nous, on veut se promouvoir décemment. Internet, quoi qu’on en dise, n’est pas toujours la solution, le monde qui utilise ces plateformes ne veut pas payer pour la musique et Facebook, ce n’est pas ça qui (dans mon cas) fait vendre des disques à un large public comme la télé pouvait le faire à une certaine époque ».



Sophie Pelletier

Se distinguer dans un paysage musical aussi dense de talents que celui du Québec n’est pas une chose simple, mais c’est certainement plus facile lorsqu’on sait où l’on s’en va et ce qu’on veut accomplir. L’auteure-compositrice-interprète Sophie Pelletier est de celles dont le chemin est tracé tout droit dans la musique depuis son enfance.

Si le Québec tout entier l’a connue en 2012 alors qu’elle se rendait en finale de la populaire émission Star Académie, chantant avec des pointures telles Lionel Richie, Johnny Hallyday ou Mika, ce sont des années passées à écouter sa famille performer sur scène et à éplucher la collection de CD de son grand frère qui ont façonné son art. Ce sont déjà deux décennies d’expérience que la jeune femme de Rivière-Ouelle accumule depuis ses premiers vers et ses premiers essais sur la guitare de son père.

Sophie Pelletier sait ce qu’elle veut, comment elle veut l’entendre et comment elle veut que ça sonne. Dans sa tête, tout est clair. Après l’expérience enivrante de Star Académie, de laquelle elle est ressortie confiante et grandie, elle prend son temps pour dénicher des collaborateurs qui la comprendront. C’est chez André Papanicolaou, le guitariste attitré de Vincent Vallières, qu’elle trouve l’oreille recherchée.

Elle apprécie les encouragements de celui qu’elle a choisi pour réaliser son premier album. « C’est lui qui m’a fait saisir que mes chansons étaient bonnes et que je devais poursuivre dans cette veine. Il a agi comme déclencheur dans mon processus de création. » Le désert, la tempête parait en 2015 et contient les succès radio Sans remords et Accroche-toi, dans un format folk-pop épuré.

Deux ans plus tard, c’est vers Gaële qu’elle s’est tournée pour peaufiner les textes de son second opus, Les météores lancé le 24 avril 2017. « Elle a été extraordinaire! Elle m’a appris deux choses essentielles : comment avoir du fun à écrire, et comment structurer le processus de création. » Fille organisée qu’elle est, Sophie s’est donné une discipline de travail qui l’aide à amener une idée de chanson jusqu’au bout. Les phrases qui apparaissent en journée sont davantage explorées en soirée (« avec un ou deux verres de vin », avoue-t-elle en riant) alors que le lendemain, elle réattaque la structure, fignole les rimes, puise dans son champ lexical pour amener la chanson à sa finalité.

Il lui faut toutefois avoir « la tête à écrire » pour générer de nouveaux morceaux. Se décrivant comme une créatrice intermittente, la musicienne de 30 ans a besoin de calme. Lorsque la frénésie des concerts ou de tournées de promotion ralentit, elle revient à un état d’esprit plus propice à l’écriture.

Pour ce second disque, elle s’est entourée d’une équipe de collaborateurs toute étoile : Dumas (qui lui a écrit un titre), Fred St-Gelais, Marc Dupré et Samuel Joly ainsi que Gautier Marinof à la réalisation. Ce dernier a récemment travaillé avec Jérôme Couture, Renée Wilkin, Étienne Drapeau et a coréalisé un des albums de Dupré.

Sophie Pelletier tient aussi les rênes de sa destinée. « On m’a encouragée à garder le contrôle de ma carrière, à gérer mes droits d’auteure, à conserver la propriété des bandes maîtresses et l’édition de mes chansons. C’est pour cela que j’ai fondé ma propre boîte, Uniforce Production, avec Geneviève Morin qui est ma gérante, mon associée, et à qui je peux confier les aspects administratifs et marketing de ma carrière. »

Il y a longtemps, elle a réalisé que ses chansons faisaient du bien. À elle, mais aussi aux autres. Que la musique pouvait panser les blessures. À une certaine époque moins rose de sa vie, c’est ce qui lui a permis d’y voir plus clair. Aujourd’hui, elle transmet ce savoir-faire à travers le Projet Victoire Musique. « J’ai créé des ateliers ouverts à tous, pour permettre aux gens d’apprendre à utiliser la musique comme support moral, pour le bien que ça fait. Les enfants apprécient particulièrement cette approche. » Son expérience et ses études en éducation spécialisée lui servent encore aujourd’hui.

Aider les autres est d’ailleurs un thème qui revient dans ses plans à plus ou moins long terme : « J’aimerais écrire et composer pour d’autres artistes, devenir mentor à mon tour pour les plus jeunes, tout en continuant à faire évoluer ma propre carrière. » Cette artiste curieuse et ambitieuse a envie de découvrir l’Europe et la France, mais également d’explorer la création dans la langue de Shakespeare, question de jouer avec sa voix, sa musique et approfondir cette nouvelle avenue.

 

Elle a certainement tous les atouts pour réussir.

 



AHI

Ce n’est pas grâce aux géants du folk que sont les Bob Dylan ou Bob Seger qu’AHI s’est intéressé au genre. En fait, c’est grâce à un autre Bob — Bob Marley ! – que cet artiste de Brampton, en Ontario, a découvert le folk. Pour AHI (prononcé « aï »), le folk ne se définit pas par une sonorité, mais un éthos qui réunit votre instrument acoustique, votre talent de conteur, et votre voix. Et toutes ces qualités, AHI les possède, et elles sont parvenues à captiver l’attention des amateurs de musique à travers tout le Canada, ainsi que celle de la veuve de Bob Marley, Rita.

En 2013, la version très minimaliste de « No Woman No Cry » enregistrée par AHI — qui laissait toute la place à sa voix rauque — a été mise en vedette sur le site Web officiel de Bob Marley. Mais ce n’était pas tout : il a reçu une note personnelle de Rita, note qu’il croyait d’abord être un pourriel. « Quand j’ai réalisé que c’était bien vrai, j’étais tellement honoré », explique-t-il. « Bob Marley est la principale raison pour laquelle j’ai cru pouvoir devenir un chanteur. Il m’a appris que la musique est médicinale et révolutionnaire. »

Depuis, la musique d’AHI, qu’il décrit parfois comme de l’indie soul, a été en vedette à l’émission Hello Goodbye de la CBC, sa chanson « Ol’ Sweet Day » s’est inscrite au palmarès Spotify Viral 50 de Billboard et il a été finaliste lors de la plus récente édition du JUNO Master Class. Il poursuit son travail de création et espère que ces réussites contribueront à élargir notre perception de ce que la musique folk peut être, surtout lorsqu’il est question de diversité raciale.

« Le plus gros défi qui j’ai dû surmonter était de me convaincre moi-même que je pouvais appartenir à la communauté folk », confie l’artiste. « J’ai remarqué que la communauté folk fait beaucoup d’efforts pour être la plus inclusive possible, mais aussi pour célébrer sa diversité. C’est comme grimper une montagne, mais cette ascension a fait de moi un musicien plus accompli et plus intelligent. »

Partner

La biographie en ligne de Partner ratisse très large au chapitre des ambitions du groupe dans le domaine de la création musicale. Parmi les thèmes qu’ils souhaitent « explorer librement » à travers leurs chansons, on retrouve le temps, la mémoire, l’intimité, l’amitié, le Canadiana et la sexualité. Il faut dire que, jusqu’à maintenant, c’est largement mission accomplie, et ce, avant même d’avoir lancé un premier album.

Originaires de Sackville, au Nouveau-Brunswick, Lucy Niles et Josée Caron n’ont peur d’aucun sujet à aborder à travers leurs chansons. Sur « The Ellen Page », elles célèbrent le « coming out » de l’actrice Ellen Page, tandis que « Comfort Zone » parle de l’importance d’avoir un endroit où se sentir physiquement en mentalement en sécurité. Quant à leur son, Niles et Caron livrent leurs messages sur des « power chords » pleine de « reverb » et avec un aplomb garage-punk-pop qui leur a valu des comparaisons à Weezer, Nirvana et Hole.

« Nous tentons sans arrêt d’évoluer et de devenir plus inclusives, en ce qui concerne notre écriture », explique Niles. « Nous tentons aussi sans arrêt de devenir de meilleures auteures-compositrices, de nous améliorer sur scène et de simplement donner le meilleur de nous-mêmes. »

Niles promet qu’un premier album verra bientôt le jour. Celui-ci a été enregistré avec l’aide de Josh Korody (Beliefs) au cours de la dernière année. Et bien qu’elles travaillent à la création de certaines chansons depuis près de trois ans, Niles affirme que « l’album comportera quelques surprises — faudra l’écouter pour les découvrir ! »

Stella Rio

Stella Rio étudie le jazz, mais aime tout autant la pop et le R & B. Toutes ces influences convergent dans son écriture, particulièrement sur son simple « Don’t Go Away », une magnifique mélodie livrée avec un flair vocal empreint de soul et de jazz. Elle possède réellement un style qui lui est propre et qui a porté ses fruits au cours de la dernière année.

Elle a étudié avec un artiste jazz torontois depuis un très jeune âge, et son ADN d’auteure-compositrice-interprète a définitivement été informé par son contact avec ce genre musical. « C’est sans aucun doute ce qui m’a réellement fait réaliser l’immense pouvoir de la musique », confie Rio. « J’aime que le jazz puisse nous transporter dans différentes époques. En fin de compte, lorsque j’ai besoin d’inspiration, je me tourne vers mes artistes préférées comme Ella Fitzgerald et Billie Holiday. »

Tant d’années plus tard, Rio peaufine encore et toujours son mélange très particulier de jazz classique et de pop actuelle. Elle travaille actuellement en étroite collaboration avec Kuya Productions, l’équipe qui tout récemment a contribué aux succès « Here » et « Seventeen » d’Alessia Cara. C’est grâce à Kuya Productions que Rio a pu collaborer à la création de la pièce « F.U. » du groupe pop britannique Little Mix.

Le prochain EP de Rio proposera six titres portant sur ses expériences personnelles et deux de ses sujets de prédilection, l’amour et la peine d’amour. Comme elle l’admet volontiers, « je suis une romantique et une rêveuse. »