La jeunesse parle avec sa propre voix. On l’entend sur le premier mixtape de Marilyne Léonard intitulé Vie d’ange. Désinvolte, la jeune femme mélange le chant et le rap avec assurance, construisant les chansons sans mode d’emploi sinon que celui dicté par sa voix intérieure.
« Je parle toujours de ce que je vis et je ne vais pas commencer à inventer d’autres histoires », lance du tac au tac l’autrice-compositrice-interprète. Elle appelle ce court album de huit pièce un mixtape pour son caractère éclectique. « Les inspirations sont très éclatées, puis on a collé tout ça ensemble. Je pense que huit chansons, c’est assez pour qu’on sache qui je suis sans qu’une personne qui ne me connait pas ait le temps de se tanner non plus, dit-elle en riant. J’aime le format et ça contient autant ce que j’étais que là où je m’en vais. »
Au départ, c’est Emmanuel Ethier qui a réalisé les quatre premières pièces du mixtape. « Je ne me faisais pas assez confiance pour le faire moi-même. Ensuite, ce que je voulais était tellement précis que je ne voulais pas déléguer. J’ai amené les maquettes des quatre nouvelles chansons (Mirage, Dans la foule, Vie de rêve et Quand tu parles) à Marc Bell pour qu’il ajoute sa touche, mais c’est collé sur ce que j’avais fait seule chez moi. Au final, ce sont les quatre morceaux qui me ressemblent le plus en ce moment. »
Les deux mains sur le volant de son histoire musicale, elle rêve d’indépendance et d’autoproduction, même si elle fait désormais partie de la famille d’Audiogram. « Quand je serai plus expérimentée, je voudrais choisir l’indépendance, mais ça a toujours été mon rêve de construire ma carrière avec une maison de disques, se souvient-elle. Je rêvais de dire à ma mère : j’ai signé avec un label. C’est vraiment grâce à Audiogram que je peux vivre ce que je vis en ce moment parce que je commence au tout début de l’échelle. »
Les chansons qu’elle écrit sont des morceaux de vie francs qui témoignent du moment présent. Surtout, tout part de la guitare : « J’écris toujours avec ma guit’ en premier. Je trouve des accords cool. Je trouve une bonne phrase et je la mets en mélodie sur mes accords. C’est vraiment une méthode étrange, admet-elle. Je n’écris jamais le texte au complet. Je fais tout en même temps. C’est comme un casse-tête de phrases, de mélodies et d’accords. »
Lorsqu’on écoute Marilyne Léonard chanter, on entend tout de suite le caractère spécifique de sa voix. Celle-ci devient un rythme, un instrument. Si elle chantait a capella, on pourrait quasiment dire qu’on écoute du drum, tellement elle inclut le beat dans la façon de livrer le texte. « J’écoute énormément de rap donc c’est sûr que ça m’a inspirée. J’aime les productions 80’s aussi, explique Marilyne. Je prends des inspirations qui viennent du rap, mais je m’intéresse aussi à des productions aérées et complexes avec des synthés et de la basse très vive et je m’arrange pour que ça puisse aller ensemble. »
Sans filtre, elle raconte à son public que la vulnérabilité, ce n’est pas un défaut, que les difficultés qui s’installent au fil des étapes de la vie qu’on franchit sont normales. Elle souhaite qu’on s’y reconnaisse, qu’on s’y dépose, que ça nous apaise.
« Je veux le dire qui j’ai envie d’aimer, lance-t-elle. Il y a un clip avec ma copine : Dans la foule. Je n’osais pas nommer le genre de la personne aimée avant. J’avais un peu peur, mais depuis deux ans, je veux la montrer cette fierté, cette liberté. Un gars ou une fille qui parle de l’amour en disant elle, c’est banal. J’aimerais être vue comme une fille qui est tellement à l’aise avec ça, que la différence n’existe plus. Les Shirley, Calamine, plein d’autres le font. C’est assez nouveau que les filles se prononcent là-dessus et je suis contente de faire partie de la jeunesse qui se réveille. »
Sur scène, le projet prendra les maintes directions que le mixtape évoque, mais « ça va devenir un peu plus rock », assure la chanteuse. « Je fais aussi des remix sur scène : La bohème, une toune de Drake. Les gens connaissent ça donc ça les embarque dans le show. »
Elle voudrait que la musique la fasse voyager et elle prendra déjà la route de la France sous peu. L’avenir s’annonce rempli de différentes choses, car elle compte apprendre la basse et souhaiterait également produire la musique des autres. « Je vais commencer par gagner mon expérience en me trompant mille fois sur mes affaires à moi, dit-elle en riant. Je vais commencer par finir de bâtir mon propre casse-tête. »