Des dires mêmes de James Barker, la dernière année « a filé en coup de vent ». Son James Barker Band a connu une ascension si fulgurante qu’elle frise le conte de fées, un conte de fées qui a commencé avec une prestation déterminante lors de l’édition 2015 du Boots and Hearts Music Festival.

Après des années en tant que spectateurs de ce festival annuel de musique country, Barker et ses acolytes ont soumis leur candidature et ont remporté la victoire de la vitrine des artistes émergents grâce à leurs mélodies ensoleillées et leurs refrains accrocheurs. « Dès l’instant qu’on a annoncé que nous avions gagné, nous avons été submergés par des émotions d’une intensité que nous n’avions jamais connue auparavant », se souvient Barker. Le grand prix incluait la chance d’assurer la première partie de Thomas Rhett sur la scène principale du festival, l’enregistrement d’un simple chez Universal Music Canada et un voyage à Nashville, autant d’événements déterminants qui ont servi de rampe de lancement pour le James Barker Band.

L’année suivante, le groupe a été mis sous contrat par Universal et s’est de nouveau produit au festival Boots and Hearts. Depuis, le groupe a lancé trois simples qui se sont inscrits au Top 10 country : « Lawn Chair Lazy », « Just Sayin’ » et « Chills ». Ces chansons ont été coécrites par les auteurs-compositeurs nashvillois Gavin Slate et Travis Wood, des collaborateurs qui sont un autre résultat profitable de leur victoire au festival. Comme l’explique Barker, « j’ai fait la connaissance de Travis Wood lorsque nous avons joué ensemble lors de la vitrine des artistes en émergence, et je l’ai contacté après le concours pour savoir s’il serait intéressé à écrire avec moi, et il m’a invité à écrire en compagnie de Gavin Slate. C’est là que tout a réellement commencé. »

Et les choses ne sont pas sur le point de ralentir pour le James Barker Band, avec le lancement récent de leur premier EP, Game On. Que leur réserve l’avenir ? De dire Barker, « nous avons toujours été fiers du fait que nous travaillons sans arrêt, donnons le plus de concerts possible et allons à la rencontre du plus grand nombre de fans possible. Alors on se croise les doigts et on souhaite que ça n’arrête jamais ! »

 



« Est-ce que je peux te rappeler dans cinq minutes ? Le gars des guitares Godin sonne à la porte », s’excuse Michel Cusson à mi-chemin de notre entretien téléphonique. Reprise de la conversation, le principal intéressé jubile : « Je viens de recevoir mes deux nouvelles guitares sur mesure. Une Porsche et une Ferrari ! » Un gamin de 60 ans, exaucé de ses désirs, trépignant, passionné.

Michel Cusson en a fait du chemin depuis la télésérie Omertà, il y a vingt ans. Le savoir-faire du guitariste-compositeur a déjà une empreinte énorme sur le paysage télévisuel et cinématographique québécois : Unité 9, Napoléon, Aurore, Maurice-Richard, Séraphin, un homme et son péché, Riopelle, les spectacles équestres Cavalia et Odysseo, Imax 3D (Ultimate Wave Tahiti, Volcanoes of the Deep Sea, etc.), un documentaire sur feu la peintre Corno, on en passe et on en oublie, récoltant au passage sept prix SOCAN au fil des ans.

« J’accepte tous les contrats, admet-il d’emblée. Ce qui fait en sorte que je peux travailler simultanément sur plus d’un. La raison étant, les projets sont financés par des institutions, parfois l’approbation financière arrive six mois plus tard que les échéanciers prévus, donc tu dois être capable de livrer avec le train qui passe. C’est très fréquent que je travaille sur plusieurs trucs en même temps. »

Les méthodes de travail et la technologie ont bien sûr évolué depuis Omertà. Cusson s’est ainsi créé un alias, Mélodika, qu’il utilise dans ses projets plus électroniques. « Je compose partout, même dans une chambre d’hôtel, je ne suis jamais assis sur une seule chaise et je traîne toujours mes deux laptops. »

Michel Cusson

« J’ai eu des professeurs extraordinaires en Pierre Houle et Francine Forest (réalisateur et productrice), ce sont eux qui m’ont montré la dramaturgie musicale. J’ai appris comment regarder l’image. Pour être un bon compositeur de musique de film (et de téléséries), il faut être à l’écoute, poser des questions et laisser son égo de côté. C’est super important. Rien n’est acquis. Des fois, ça signifie enlever des silences, comment ton extrait sonore entre dans la séquence et surtout, comment tu en sors ! Les producteurs, les réalisateurs, les metteurs en scène, tous ont un langage différent. C’est donc crucial pour moi de savoir décoder ce qu’ils disent. »

À ce jour, Michel Cusson a mis sa griffe sur une vingtaine de téléséries qui représentent au total entre 300 et 400 épisodes et il a côtoyé une trentaine de cinéastes et réalisateurs.

« Quand tu fais de la musique à l’image, tu travailles de façon verticale en regardant plusieurs fois une séquence avant de saisir l’émotion qui colle le mieux : qu’est-ce que je veux dire, comment je l’illustre, avec quelle émotion et quel angle ; je n’ai plus besoin de regarder une scène au complet. Je compose le morceau avec en tête l’émotion qui s’y rattache… Ça fait une grande différence, la musique est plus solide ainsi en travaillant hors de l’image. »

Et comment ça se passe avec Unité 9 ?

« Je suis rendu à l’épisode 122, lance le compositeur, comme pour mesurer le travail accompli. J’aime la télésérie parce que tu peux développer à fond des thèmes et des variantes, les personnages ont tous une couleur particulière. Je les connais par cœur. Dans ce cas-ci, je visionne chaque épisode au complet avant de composer. Pour Unité 9, mon partenaire Kim Gaboury (le compositeur et réalisateur, alias aKido) joue aussi des instruments. »

Il y a quelques mois, il a trouvé le temps de publier Michel Cusson solo, inspiré de photos de familles qu’il a ramassées sur les rives du Maine. Neuf titres sont gravés, mais le spectacle audiovisuel intime et saisissant qui en découle est en constante mutation.

« J’avais le goût de réapprendre ma façon de faire. Dans mon processus j’ai combiné l’improvisation et l’écriture. Je peux m’asseoir avec mon spaceship (son arsenal technologique) et composer instantanément. Je bâtis ma trame sonore en direct, devant les gens. Et avec les boucles créées, je construis par-dessus et j’improvise. Mais j’ai quelques pistes préenregistrées qui se mêlent à tout ça. Mon spectacle, c’est 100% des sons de guitare. Chaque provocation d’idée est l’fun ! »

Au mois de décembre dernier, la nouvelle du retour d’UZEB après un hiatus de 25 ans en a étonné plusieurs. Le virtuose bassiste Alain Caron et l’érudit batteur Paul Brochu vont toujours faire partie de son ADN, mais comment trois musiciens aux agendas bien remplis ont trouvé la motivation ?

En 1992, le concert d’adieu extérieur au Festival international de jazz semblait avoir bouclé la boucle après une quinzaine d’années de jazz-rock et de fusion instrumentale de haute voltige récoltant les accolades partout sur le globe. « Il y avait un froid entre nous, je ne te le cache pas, mais on est des grands garçons, on se voyait ponctuellement depuis quelques années et finalement on a eu le goût de reconstituer UZEB. Il n’y a pas de nouvelles compositions pour l’instant et on ne se donne pas d’échéancier, on y va prudemment. Il y a quand même dix-huit dates à l’agenda dont plusieurs en Europe et le concert-réunion prévu dans un peu plus d’un mois à la salle Wilfrid-Pelletier se vend très bien, on a dépassé le cap des 2,500 billets vendus. En 1992, UZEB s’est séparé, mais il n’a jamais divorcé ! »

 



CorneilleCorneille n’a aucun projet ces jours-ci. Aucun disque ni tournée en vue. Libre comme l’air. « L’écriture de mon autobiographie (Là où le soleil disparaît, 2016) m’a fait découvrir une autre façon d’utiliser les mots, or, c’est plus fastidieux pour moi de retourner au format d’écriture de chansons comme je le faisais avant. J’ai besoin d’une pause. »

Son album le plus récent, Entre nord et sud, remonte à 2013. Un disque épatant de dix-sept pistes écrites par Corneille auxquelles se sont joints entre autres les rappeurs français Youssoupha, Kerry James et Soprano. « J’adore le hip-hop, mais je ne me sens pas assez bon pour en faire. Avec eux, c’était une belle façon d’en incorporer à ma musique. »

Revenu au Québec depuis mars de la tournée européenne du rat pack québécois appelé Forever Gentlemen aux côtés de Garou et Roch Voisine, il constate avec le sourire: « enfiler un costard tous les soirs, c’était très naturel pour moi. Je suis un admirateur du genre crooner comme tout le monde, ce n’était pas un univers nouveau pour moi. Ces chansons, je les chantais sous la douche ou pour endormir mes enfants ! »

Le chanteur a donc retrouvé femme et marmots, puis a jeté l’ancre et balancé l’agenda. Sauf pour Les Francofolies de Montréal, le 9 juin prochain au Club Soda. « Ce spectacle est le prétexte à ne jouer en mode acoustique que mes succès, un beau soixante-quinze minutes de mon best, ça va être la fête ! »

Cinq musiciens et deux choristes épouseront les contours de la voix suave et soul de l’élégant chanteur. « On m’invite aux Francofolies au rythme d’une fois tous les deux ans et cette année, il était facile d’accepter la proposition des programmateurs : souligner avec un spectacle unique et exclusif les quinze ans de mon premier disque Parce qu’on vient de loin, qui est paru en 2002. »

Un premier, faut-il le rappeler, certifié double-platine en France seulement, qui a propulsé le Rwandais d’origine et citoyen canadien depuis 2004 dans les hautes sphères de la célébrité. Le disque-double en concert de 2005, le Live, comme disent les français, atteint pour sa part le statut Triple-Platine. Des chiffres mirobolants.

Un petit coup de rétroviseur ? Corneille, avec six albums derrière la cravate, a comme on le sait une carrière parallèle fort intéressante en Europe, assortie de collaborations diverses, parmi celles-ci, des participations aux disques Génération Goldman en 2012 (Quand tu danses) et GG2 (Bonne idée). De l’humanitaire (Africa Live en 2005), de la pop soul (l’Eurovision 2006, devant un jury présidé par Charles Aznavour). Résultat de cette visibilité, il fut signé chez la mythique étiquette américaine Motown en 2007, un coup fumant qui n’a malheureusement pas eu le succès escompté.

Et, en 2014, il assiste Garou comme juge à The Voice en France. « J’ai adoré. On pourrait penser que dans une grosse machine comme ça on perd l’essence des choses, mais j’ai vu ça autrement.  La France et le Québec, c’est pas si différent. J’ai deux carrières parallèles, mais j’ai établi très tôt dans ma carrière sur ces deux territoires de ne faire que la musique qui me tente. Je ne fais pas de distinction de public. Par contre, j’ai l’impression qu’il y a plus d’alternatives en France, au niveau des moyens financiers et du nombre d’opportunités. »

Quelle réflexion porte Corneille sur le chemin parcouru, sur cette quinzaine pas banale du tout ?

« Je m’ennuie très vite et je fais un métier où c’est plus safe d’avoir une certaine constance artistique dans ses choix, garder une ligne qui ne déroute pas trop les gens et les médias. C’est pourquoi, ce que j’ai fait hier, je n’ai pas le goût de le répéter, je pense que mes (six) disques sont assez différents. Sinon, j’aurais l’impression d’étouffer. J’ai une carrière faite d’albums qui ont très bien marché et d’autres pas mal moins (on pense aux deux chanté en anglais, The Birth of Cornelius, 2007 et Sans titre, 2009). Plus le temps passe, plus je ressens le besoin de tout faire ! Je rêve de faire un disque afro-beat avec des musiciens africains. Mais je pense que mon prochain sera un album de reprises. »