« Ça fait plus de 25 ans que nous travaillons ensemble, Iohann et moi, avec nos partenaires qui sont compositeurs de musique à l’image », explique Mitsou d’entrée de jeu. « Avec les trois acquisitions que nous avons faites (Harris & Wolff, Maisonnette et Ray-On), nous voulions offrir un service sous la bannière unique de Ray-On ». Ray-On offre donc des services musicaux uniques pour les productions audiovisuelles, comprenant la composition de musique originale, la recherche et supervision musicale, la libération des droits, ainsi que l’accès à une banque de musique prélibérée comptant plus de 3000 œuvres principalement québécoises et canadiennes.
Iohann Martin, qui a co-fondé Dazmo (25 films, 15 séries télé) avec Mitsou, sa partenaire d’affaires, il y a un quart de siècle, avait déjà des liens d’affaires avec Harris & Wolff, spécialistes du placement de musique à l’image. Il a flairé le bon coup, afin de diversifier ses activités de production musicale.
« On envisageait d’offrir un service complémentaire de musique qui meuble une scène, qui n’est pas nécessairement reliée à une trame narrative de musique, mais plutôt pour l’ambiance, pour colorer, un complément d’une bande sonore. Il y a une volonté de maximiser le potentiel artistique à réaliser de la musique qui entre dans un genre que j’appelle nuance musicale ».
« C’est vraiment en travaillant sur la musique de la série à succès La Galère que nous avons mesuré le défi, se souvient Martin. On devait écrire trois ou quatre tounes par émission en plus de la trame sonore, la commande était devenue lourde ».
Avec l’achat de Ray-On, l’offre musicale devenait complète. Son catalogue de musique préexistante comporte une plate-forme intuitive avec des accès directs pour les monteurs, les réalisateurs et les producteurs, mais aussi précise Mitsou, « avec une sélection d’artistes d’ici dont les œuvres sont renouvelées fréquemment ».
La série Mégantic, qui sort prochainement sur le Club Illico, est le nouvel accomplissement du collectif. Dazmo, c’est d’abord une équipe de compositeurs, Sari Dajani, Rudy Toussaint, Pierre-Luc Rioux et Iohann Martin, dorénavant sous la gouverne Ray-On, qui a chapeauté tout l’aspect musical via son nouveau service de supervision musicale.
Ce qui amène dans ce nouvel environnement des experts en synchro et en libération de droits musicaux. Ludivine Lavenant est très fière de ce catalogue unique et diversifié d’artistes compositeurs canadiens et québécois. L’une dont elle vantera tous les mérites aux Netflix et autres Disney+ du monde compétitif du placement musical est la nouvelle Olivia Khoury « qui fait du jazz-folk à la Bon Iver » pour incorporer sa musique dans des séries, des films et des publicités.
« Et c’est une manière tellement efficace pour les musiciens de se faire connaître, ajoute la patronne. Nous voulons démocratiser, faire connaître le service de supervision musicale, qui est trop peu connue au Québec. Pour nos clients, Ray-On est un one stop shop, une opportunité pour les productions d’avoir des services intégrés. La synchro d’une chanson sur une télésérie ou un film peut avoir un impact majeur sur le développement du profil d’un artiste. Les superviseurs de musique sont des curateurs de musique, ils jubilent quand on leur envoie de la nouvelle musique originale qui n’est pas encore sur le marché. C’est le edge d’offrir une musique qui va sortir dans trois mois : avoir quelqu’un de très connu à proposer a beaucoup moins d’importance à leurs yeux », confie-t-elle.
« Quand nous avons commencé en 2013, on se faisait souvent demander de la musique préexistante, raconte la chevronnée gardienne des sons. Une banque de plus de 3000 œuvres comme la nôtre pour la télé, le cinéma et la publicité, avec un moteur de recherche qui répond aux commandes musicales du client : un homme ou une femme qui chantent, une chorale, un bpm en particulier… ça n’existait pas au Québec. »
« C’est l’un de nos objectifs des prochaines années, explique Mitsou, faire connaître nos compositeurs à travers nos plateformes et appuyer une nouvelle génération de musiciens d’ici. Dès le départ, je me suis donné le mandat de favoriser davantage le talent féminin en composition de musique à l’image et en réalisation » Une étincelle traverse son regard : « la musique est aussi importante pour une production visuelle que l’éclairage! Il faut savoir bien s’en servir ».
Simon Bourdou travaille étroitement avec Mitsou, c’est lui qui sollicite des contrats pour les membres de son équipe de compositeurs chez Ray-On dans la jungle infinie de productions visuelles mondiales. Il a passé cinq ans à M pour Montréal et Mundial Montréal avant de faire le saut en 2017. « J’ai toujours été près des artistes émergents, faire découvrir de la musique c’est l’essence même de mon travail, dit-il avec en arrière-plan quelques Prix SOCAN sur les murs de son bureau, entre autres pour la série canadienne How It’s Made.
« Les réalisateurs et producteurs nous expriment leurs besoins musicaux et ensuite l’on recrute l’équipe de compositeurs qui cadre le mieux avec la musique demandée. On s’est rendu compte que le plus gros potentiel d’exportation et de revenus pour les artistes, c’est vraiment l’audiovisuel, observe Bourdou ».
Parmi les artistes de l’écurie, on note le rappeur et producteur Boogat, le compositeur Mathieu Vanasse, le chanteur latin Ramon Chicharron, le guitariste jazz derrière Les Triplettes de Belleville, Benoît Charest, la pop électro de Carole Facal, l’auteure-compositrice prometteuse Naïma Frank, presque tous ont leurs œuvres en synchro hébergées chez Ray-On.
Les meilleurs coups de placement musical chez Ray-On? Mitsou les défile par cœur : Emily in Paris et Tiny Pretty Things (Netflix), Soulmate (Amazon Prime), Woke (Sony Pictures) – et on en passe – des clients publicitaires appelés Nike et Red Bull, un jeu vidéo d’Ubisoft, Crew 2 en synchro (libération de droits et catalogue), le film The Death and Life of John F. Donovan (2018) de Xavier Dolan, la comédie canadienne Wong and Winchester…
Ray-On laisse augurer une offre alléchante, surtout que la compagnie a atteint son degré de cohésion en un an. Mitsou est directrice artistique, un rôle pivot pour créer les bons liens avec les producteurs, réalisateurs et artistes.
« Faut le dire, Mitsou, t’es passionné de ça les trouvailles, lui lance Iohann. Quand ta curiosité musicale commence à s’amoindrir, compte sur elle pour te faire découvrir plein d’affaires! ».