La musique est toujours venue naturellement au duo The Command Sisters, d’Edmonton. Âgées de seulement 17 ans et 14 ans respectivement, Charlotte Command et Sarah Command ont arpenté les scènes sans arrêt depuis 2005, enflammant le public nord-américain avec leurs harmonies country-pop et leur dynamisme revigorant. Les gens ont vite accroché et elles s’envolent bientôt pour Nashville, enregistrant avec les plus grands producteurs de musique country.

La musique n’est pas la seule chose qui leur tient à cœur. Cette année, elles ont participé à une campagne contre l’intimidation à l’école et à une tournée scolaire organisée par la GRC d’Alberta et ont chanté dans une foire agricole d’Edmonton pour recueillir des fonds pour des causes locales.

Elles ont passé l’été 2013 à enregistrer et à se produire dans des mini spectacles de festivals à Nashville et au Canada. Comment voient-elles leur avenir? « Il n’y a pas de limite, dit Charlotte. C’est extraordinaire. Nous pouvons essayer de planifier et nous fixer des objectifs, mais c’est l’imprévu qui nous stimule le plus! »

Surveillez leur première parution en 2014.



On ne sait jamais qui écoute.

Quand le nouveau groupe montréalais Half Moon Run s’est rendu en studio pour enregistrer une piste dans le cadre d’un projet étudiant, il ne se doutait pas qu’il en sortirait avec un contrat de disque. En fait, comme l’explique Dylan Phillips, le souvenir de cette session est un peu flou.

« J’étais tellement malade que j’ai de la difficulté à me rappeler cette journée, » dit le joueur de

« On rencontre des gens qui sont plus intéressés à faire partie d’un groupe qu’à écrire des chansons et à faire de la musique… On ne veut pas devenir comme ça. » – Dylan Phillips de Half Moon Run

batterie et de clavier. « Je me souviens que c’était plutôt excitant. Je me rappelle que peu après, nous avons eu des nouvelles de Kyria [Kilakos, directrice de l’étiquette Indica Records]. Elle enseignait à l’école et notre enregistrement a attiré son attention. Nous n’avions même pas encore donné dix spectacles, et quelques semaines plus tard, nous avions un contrat en main. C’était plutôt exaltant, bien que ç’a été pas mal plus vite que nous l’avions imaginé. »

La chanson était « Full Circle », une pièce folk-rock plutôt hypnotique rehaussée d’harmonies en trois parties par Dylan Phillips, le guitariste Conner Molander et le chanteur Devon Portielje. Tous trois étaient venus à Montréal des quatre coins du pays pour différentes raisons : Molander pour étudier la psychologie à l’Université McGill, Portielje pour un travail dans l’industrie de la musique et Phillips pour une maîtrise en piano classique. Ils se sont rencontrés par le biais d’une annonce sur Craiglist et, exception faite d’un groupe rock éphémère durant le secondaire pour Conner, Half Moon Run était leur première formation.

Ils n’étaient pas pour autant des novices. Portielje a étudié en Arts de l’industrie musicale au Fanshawe College, à London, Ont., ce qui l’a incité à accueillir l’offre initiale d’Indica avec une bonne dose de scepticisme.

« Je voulais faire les choses par moi-même, dit-il. Je voulais déclencher un phénomène viral sur YouTube et être en position de force au moment de parler aux maisons de disques. Une des choses qu’on m’avait enseignées [à Fanshawe], c’est le risque de se faire arnaquer dans un contrat. Mais nous avons demandé à un avocat de jeter un coup d’œil [au contrat d’Indica], d’y apporter quelques modifications, et nous avons conclu l’affaire. »

Après avoir dit à Indica que le groupe pouvait réaliser assez de chansons pour un album complet en deux mois, il a fallu près d’un an pour y parvenir. Dark Eyes a été lancé en mars 2012. Le son est délicat et intime, un mélange de rock indépendant et sensible de style au courant et de psychédélique rétro, avec de subtiles enjolivures électroniques.  Dark Eyes a trouvé sa place sur les tablettes des admirateurs de Radiohead, de Band of Horses et d’autres formations du même genre, et Half Moon Run s’est retrouvé en tournée nord-américaine comme première partie des spectacles de Wintersleep et Metric.

Puis, en octobre dernier, le groupe a reçu un sérieux coup de pouce de Ben Lovett de Mumford & Sons, un groupe qui figure sur les grands palmarès internationaux : celui-ci a déclaré au très influent magazine britannique New Musical Express que Half Moon Run était son nouveau groupe favori et « potentiellement l’une des formations les plus importantes lançant un album cette année. »

Depuis lors, le groupe (qui compte désormais le multi-instrumentiste Isaac Symonds) ne cesse d’attirer l’attention, jouant aux festivals de Glastonbury et de Reading en Angleterre, accompagnant en tournée les formations Mumford et Of Monsters And Men, bénéficiant de mises en onde à la radio de la BBC, et concluant des contrats de mise en marché de Dark Eyes en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Entre-temps, les membres de Half Moon Run n’ont pas été en mesure de se consacrer à l’écriture. « C’est bien difficile, dit Phillips. On a quand même des pistes d’idée. On essaie des trucs à la guitare acoustique, on fait des harmonies, puis je mets le tout sur mon ordinateur et j’ajoute des accords dans la camionnette. J’ai utilisé des enregistrements sur iPhone dans Logic. On a tout essayé. Mais on a vraiment besoin de notre studio et d’avoir du temps pour nous. Je ne vois pas comment on pourrait produire une chanson sur la route. »

Pour un nouveau groupe, Half Moon Run a déjà une méthode de création musicale nettement définie. Portielje dit que c’est en partie parce que les membres du groupe ne sont pas d’anciens amis et qu’ils sont depuis le départ centrés sur la production. « C’est comme si on s’était trouvé un nouvel emploi, dit-il. On baisse la tête et on fonce. »

Quand le groupe sera enfin capable de s’installer pour forger la suite de Dark Eyes, ses quatre

« Écrire des chansons, c’est comme si on s’était trouvé un nouvel emploi. On baisse la tête et on fonce. » – Devon Portielje de Half Moon Run

membres continueront d’appliquer les règles qui les ont si bien servis la première fois. Pour Portielje, il faut d’abord composer une mélodie, ensuite des syllabes, puis des paroles. Mais il ne faut pas interroger Phillips au sujet de ses textes. « On ne discute pas de ce que signifie une chanson, dit-il. C’est pourquoi les paroles peuvent parfois être sombres, mais pas la musique. »

Phillips dit surtout que Half Moon Run n’oubliera jamais la raison pour laquelle ses membres se sont réunis et ont chamboulé leurs vies pour cette aventure.

« On rencontre parfois des gens qui sont plus intéressés à faire partie d’un groupe qu’à écrire des chansons et à faire de la musique, dit-il. Il y a des moments où ça nous arrive aussi et où on prend plaisir à être ensemble. Mais on ne veut pas devenir comme ça. La chanson, c’est ce qui compte avant tout. »

Quelques faits
Éditeur : Universal Music Publishing Canada, Indica Records Inc.
Discographie : Dark Eyes (2012)
Membres de la SOCAN depuis 2011
Visitez halfmoonrun.com



Dans les années 1980, un groupe était synonyme de rock à l’Île-du-Prince-Édouard : Haywire, basé à Charlottetown. À la suite de leur premier album Bad Boys, Don’t Just Stand There, en 1986,  le groupe a produit trois extraits pour la radio : « Black and Blue », « Thinkin’ About the Years » et le sensuel succès rock aux accents de synthétiseur, « Dance Desire », primé au Festival mondial de la chanson populaire de Tokyo. La formation a reçu des prix Excellence de l’Association de la musique de l’Î.-P.-É. et de l’Association de la musique de la Côte Est, et après un long arrêt, a recommencé récemment à se produire dans certains festivals choisis. Le cofondateur et claviériste du groupe David Rashed nous a parlé depuis Charlottetown.

Quelle était la vie des groupes de hard rock à Charlottetown quand vous avez débuté?
C’était formidable. Plusieurs villes des environs avaient de petits clubs de nuit ou même des clubs de curling. On a joué un peu partout dans l’île à chaque week-end. Notre groupe est né de la fusion de trois formations locales et notre objectif était de former un groupe capable de faire de grandes tournées. On a commencé à composer des pièces originales dès le début.

Votre premier album a été un succès. Avez-vous ressenti de la pression pour écrire ensuite?
Je suis sûr que vous avez entendu ce genre de commentaire de la part de nombreux groupes, mais une fois notre tournée terminée, nous avons pris quelques mois de congé, juste pour nous ressourcer un peu, puis la maison de disques nous a demandé un nouvel album. Donc au lieu d’écrire par plaisir, nous avions une échéance à respecter. Nous n’avons eu que quelques mois pour y arriver. Il y avait un peu plus de pression en effet, mais nous avons relevé le défi.

Quelle fut l’étincelle de départ pour « Dance Desire »?
C’est une drôle d’histoire. Nous étions dans notre logement, à travailler. Marvin [Birt] est allé aux toilettes. J’essayais différents airs de musique quand je suis tombé sur celui-là. Des toilettes, il a crié « souviens-toi de ça! » Dès qu’il est revenu, il a pris sa guitare et nous avons écrit la chanson à partir de cet air. Quelques heures après, elle était terminée.

Quelle a été votre approche pour intégrer les claviers à la musique rock? Les années 80 étaient le moment idéal pour le faire, contrairement à aujourd’hui!
Mon premier amour a été pour la guitare, et j’étais au départ guitariste. Je pense que ce qui a éveillé ma passion pour les claviers, c’est le premier accord de « Turn Me Loose », des Loverboy. On reprenait les succès de l’époque en ce temps-là, et on a donc appris cette chanson et j’ai commencé à jouer des claviers. Et avec la présence de ces claviers sur scène, c’est devenu peu à peu une passion. J’essaie d’aborder les claviers dans la perspective d’un guitariste. En fin de compte, je suis peut-être un peu bipolaire!

Écriviez-vous aussi les paroles ensemble? Comment vous y preniez-vous?
Nous avons toujours écrit les paroles en collaboration, Marvin, Paul et moi. Au départ, cette chanson s’intitulait « Chase the Fire », mais en fait, ça n’était pas un bon titre. Marvin est notre principal mélodiste et souvent il chantonne les mêmes mots de chaque chanson, à la conception, comme pour marquer les portées. Puis nous revenons sur les paroles avec le chanteur et nous nous concentrons sur le sujet.

En pensant aux chansons que vous avez écrites, que représente « Dance Desire » pour vous aujourd’hui?
« Dance Desire » est la chanson qui a montré que notre groupe pouvait écrire. Nous avons toujours été des artistes de scène, mais cette chanson a démontré qu’il y avait quelque chose de plus, que notre groupe mûrissait, que notre écriture évoluait et qu’il y a toujours quelque chose de nouveau et d’intéressant à entendre de notre part. – LIISA LADOUCEUR