Le Canada pourrait fort bien être le plus grand producteur mondial d’indie rock accrocheur à souhait, et d’entre tous, Rah Rah, originaire de Regina, est un des groupes phares du genre.

En octobre dernier, le septuor a lancé son troisième album intitulé The Poet’s Dead, album qui a fait l’unanimité après de la critique, notamment Exclaim, Fader, et Nylon Magazine. La chanson « Prairie Girl » a d’ailleurs été promue d’un océan à l’autre après avoir été choisie « chanson de la semaine » par les cafés Starbucks.

Les membres de Rah Rah sont désormais des vieux routiers de la tournée après avoir présenté leur puissant spectacle partout en Amérique du Nord et en Europe, l’an dernier.

« Partir en tournée avec un groupe de sept personnes, ça veut surtout dire qu’on est très à l’étroit dans notre camionnette et qu’on dort, la plupart du temps, sur le plancher », confie le chanteur Marshall Burns, « mais je ne crois pas que cela n’ait jamais découragé l’un d’entre nous. Nous avions une détermination d’acier quand nous avons commencé. »

Ce printemps, le collectif indie rock entreprendra une autre tournée nord-américaine en compagnie de Two Hours Traffic et Minus The Bear et s’arrêtera notamment au Canadian Music Week ainsi qu’à South by Southwest.



Dire que 2012 a été une année mouvementée pour Claire Boucher serait l’euphémisme de l’année.

Mieux connue du monde entier sous le pseudo de Grimes, Boucher a surpris la blogosphère et le milieu de la musique en général avec son magnum opus, un troisième album intitulé Visions. Peu de temps après sa parution, Grimes laissait déjà une profonde marque sur les palmarès Billboard et elle a été LA sensation de l’édition 2012 du festival SXSW en plus d’être saluée par la critique partout sur la planète. Son amalgame unique de dance pop, d’industriel, de noise et de musique ambiante a littéralement conquis le monde.

La jeune artiste de 24 ans originaire Vancouver s’est installé à Montréal lorsqu’elle avait 18 ans afin d’étudier les neurosciences et la psychologie à l’Université McGill. Lorsqu’elle a pris connaissance de la très effervescente scène musicale montréalaise, vers l’âge de 20 ans, elle n’a pas réfléchi bien longtemps avant de quitter les études pour plonger tête première dans l’abysse de l’isolement et de la pauvreté d’une vie dédiée à son art.

La méthode utilisée par Grimes pour créer ses pièces n’a que très peu changé au cours de 5 dernières années : construire un cadre très simple avant de passer à l’étape de superposition des très denses couches sonores qui lui sont typiques. Comme elle le disait très humblement au Guardian britannique en 2012, « il faut avant tout que je trouve le beat parfait. J’expérimente jusqu’à ce que je trouve un tempo qui me plaît et après ça c’est aussi simple que de remplir les espaces vides.

Il n’a fallu que de peu de temps avant que le label indépendant montréalais Arbutus Records mette Grimes sous contrat afin de lancer son premier album Geidi Primes. Désireux de préserver l’esprit d’indépendance de l’artiste, le fondateur et propriétaire d’Arbutus, Sebastian Cowan – un ami du secondaire de Boucher – voulait travailler avec elle à cause de son talent pour les arts visuels, sa voix et sa personnalité unique.

“Claire et moi sommes tous deux des bourreaux de travail”, explique Cowan, qui agit également comme ingénieur du son et impresario de grimes. “Je crois que c’est d’abord ça qui nous a unis professionnellement. Lorsqu’elle est en période de création, plus rien ne compte pour elle, et elle s’investit corps et âme dans son œuvre. J’ai toujours admiré sa personnalité. Lorsque j’ai découvert qu’elle avait aussi une voix magnifique, je me suis dit que ses talents pourraient converger de manière totalement magnifique et je l’ai tout de suite encouragé à créer de la musique.”

Plus l’attrait des feux de la rampe se faisait sentir, plus la pression augmentait; Boucher s’est enfermée à double tour dans sa chambre pendant neuf jours dans un isolement total : pratiquement aucune nourriture, aucun sommeil et aucune lumière. Et bien que ce difficile isolement ait été marqué de doutes et d’introspection, sa voie était enfin trouvée. Comme elle l’expliquait en 2012 dans une entrevue accordée au magazine Ion, “C’est vraiment crucial que je sois seule. Je dois parvenir à oublier ma propre existence telle que les autres la perçoivent, sinon je deviens trop embarrassée et j’ai peur.”

Au moment d’écrire ces lignes, Claire Boucher s’est une fois de plus enfermée dans un exil volontaire et refuse tout contact avec les médias tandis qu’elle prépare un quatrième album qui sera nul doute décisif pour sa carrière. Sebastian Cowan, le confident et compère musical de Grimes, nous a parlé d’un des albums les plus attendus de 2013.

“La plus grosse différence [comparativement à Visions], c’est clairement sa confiance en elle. À partir du moment où elle a commencé à jouer sur scène et à écouter la musique d’une oreille plus critique, elle a réussi à réintégrer ces expériences dans sa propre musique. Je crois que Visions est le portrait d’un moment incroyable où tout a convergé : l’innocence, l’ambition, l’humilité, le talent brut, les accidents et une volonté de fer. Ses prochains albums seront nécessairement plus lisses et savants; ce n’est ni mieux ni pire, c’est tout simplement différent.”



N’eût été une importante poussée de croissance à l’adolescence, l’auteur-compositeur-interprète folk Dave Gunning n’aurait peut-être jamais joué de guitare.

« Mes parents ont “oublié” de m’inscrire au hockey une année », raconte Gunning en riant. « Je crois que la vraie raison c’est que mon équipement ne me faisait plus. » Désœuvré dans sa petite ville natale de Pictou, Nouvelle-Écosse, il a attrapé la guitare que son père avait achetée au marché aux puces et un voisin lui a enseigné quelques accords. Ses parents lui ont alors dit que s’il apprenait et chantait deux chansons en entier, ils lui payeraient des leçons. Jamais il n’a cru que ça deviendrait une carrière.

Onze albums plus tard et de très nombreux prix aux East Coast Music Awards, Canadian Folk Music Awards et Music Nova Scotia, notamment, Dave Gunning se dit toujours très privilégié de pouvoir gagner sa vie grâce à la musique.

« Je ne suis pas un “naturel” dans ce métier », affirme-t-il, expliquant qu’il est très introverti et qu’il a tendance à souffrir de trac. C’est son ami d’enfance, JD Fortune, qui est plus tard devenu le leader de INXS, qui l’a encouragé à monter sur scène pour la première fois. Gunning est néanmoins beaucoup plus à son aise sur scène de nos jours, y ayant passé plusieurs centaines d’heures sur le circuit des pubs des provinces maritimes avant de se sentir prêt à présenter sa propre tournée.

« Je crois que ce n’est pas du tout inhabituel dans le domaine du folk de vivre des centaines de petits moments plutôt qu’un seul énorme moment »

Gunning décrit affectueusement sa démarche artistique de « col bleu » et affirme que ce qui l’attire, c’est d’être un conteur et de préserver l’histoire à travers ses chansons. Son plus récent album, No More Pennies, a fait la manchette un peu partout à travers le monde après que la Monnaie royale canadienne ait exigé qu’il paie des redevances pour avoir utilisé une image des défunts « sous noirs ». La société d’État a fini par abandonner l’idée, mais elle a quand même exigé que Gunning fasse une collecte de sous noir pour les verser à un organisme caritatif. C’est ainsi qu’il a versé 6200 $ à l’Hôpital pour enfants d’Halifax.

Nombreux sont ceux qui croient que Gunning mérite d’être connu et reconnu d’un plus vaste auditoire, mais il se dit très satisfait de la façon dont les choses ont évolué jusqu’à maintenant. « Je crois que ce n’est pas du tout inhabituel dans le domaine du folk de vivre des centaines de petits moments plutôt qu’un seul énorme moment », dit-il avec contentement. « En tout cas c’est comme ça que ça s’est passé pour moi. »