Paroles & Musique vous présente dès aujourd’hui une nouvelle série d’articles intitulés « D’où vient cette chanson ? ». Il s’agira non seulement d’examiner le processus de création d’un « hit », mais également d’aller dans les coulisses pour connaître toutes les activités requises, de l’écriture à l’enregistrement, en passant par l’édition musicale, pour permettre une chanson de devenir un succès commercial, critique et artistique.

La première chanson que nous couvrirons sera, comme c’est approprié !, « First Time », une pièce coécrite par le membre SOCAN Jenson Vaughan, qui a également écrit pour Madonna et Britney Spears, entre autres, en compagnie de Shy Martin et Fanny Hultman, ainsi que l’équipe de production Hitimpulse. « First Time » est également coéditée par son éditeur, Ultra Music Media. La pièce est née lors d’un camp d’écriture à Stockholm et elle a fait son chemin jusqu’aux oreilles de la mégavedette Kygo, et depuis, elle a été certifiée Platine au Canada et en Australie, Or en France, en Italie et au Danemark, et Argent au Royaume-Uni. Elle s’est inscrite au Top 10 U.S. Dance Club Songs et U.S. Hot Dance/Electronic Songs charts de Billboard. Elle cumule 250 millions d’écoutes sur Spotify, 58 millions de visionnements sur YouTube et 22 millions sur Vevo. Voici l’histoire de sa création…

Jenson Vaughan, cocréateur de ce « hit » nous parle de la création de « First Time » :

Shy Martin

Shy Martin

Quand j’étais jeune, on avait l’habitude de voler de l’alcool chez les parents de mon ami et nous allions boire près du chemin de fer qui courait le long de Windmill Road, à Dartmouth, où j’ai grandi.  Il y avait un parc en particulier où nous aimions aller et qui était près de chez moi. On appelait l’endroit Three Bump Hill parce qu’il y avait une butte à trois bosses — je sais, c’est vraiment original, n’est-ce pas?  C’est un endroit plein de nostalgie pour moi, à tel point que j’ai baptisé ma maison d’édition Three Bump Hill.

20 ans plus tard, première journée d’un camp de création organisé par Ultra Music Media/Ten Music, à Stockholm, en Suède.  On m’a jumelé à l’équipe de production allemande Hitimpulse ainsi qu’aux auteurs-compositeurs locaux Shy Martin et Fanny Hultman.  La chimie est instantanée et nous complétons notre première chanson en quelques heures à peine, puis nous décidons d’en écrire une autre — Dieu merci!  Hitimpulse lance le bal avec des accords vraiment cools tandis que Fanny et Shy proposent des mélodies intéressantes.  Il devient tout de suite évident que la chanson a une atmosphère nostalgique qui nous pousse à décider d’écrire au sujet de notre jeunesse ; l’amour, les peines d’amour, le sexe…

Ce fut une de ces séances de rêve où tout se passait sans effort et toutes les pièces s’emboîtaient parfaitement.  Pour les textes, je me suis inspiré de mes propres expériences, comme la phrase « getting drunk on the train tracks » (se saouler sur les rails) avec mes amis, ou « your dad’s black Honda was our Maybach » (la Honda noire de ton père était notre Maybach), ce qui reflétait vraiment comment nous nous sentions chaque fois que nous pouvions emprunter la voiture de mon ami.  Ç’a été vraiment cool de pouvoir utiliser des repères aussi personnels et de saluer Dartmouth au passage.

Une fois le camp terminé, nous sommes tous partis de notre côté.  Mais nous avions tous ce sentiment qu’il y avait quelque chose de spécial dans cette chanson, alors nous avons uni nos ressources et commencé à la soumettre un peu partout.  Hitimpulse l’aimait tout particulièrement et planifiait de la lancer sous leur propre nom et mettant en vedette Shy Martin.  Mais peu de temps après, Shy nous a envoyé un courriel nous disant que son gérant l’avait envoyée à l’équipe de Kygo et qu’il l’avait adorée.  Malgré cela, quelques mois se sont écoulés sans que nous n’obtenions de confirmation de Kygo qu’il allait la lancer. J’avais un peu perdu espoir, puis, lorsque je ne m’y attendais pas, j’ai reçu un appel de Patrick Moxey [fondateur et président d’Ultra Music Media], et voici exactement notre conversation : « Hey Patrick, quoi de neuf ? » « Hey Jenson, ç’a l’air que ta chanson “First Time” va être le prochain simple de Kygo et qu’il mettra en vedette Ellie Goulding. »

Patrick Moxey, fondateur et président d’Ultra Music Media, nous parle du travail en coulisses qui a mené à l’écriture de « First Time » et l’a placée entre les mains de Kygo :

Patrick Moxey

Patrick Moxey

Ultra tenait son camp d’écriture à Stockholm et nous avions accordé beaucoup d’attention à réunir les bons créateurs. Ultra avait envoyé Jenson pour participer à ce camp et j’avais rencontré Anna Cornelia, la gérante de Shy Martin, ainsi que ses producteurs. J’ai dit à Anna, « on devrait réunir Jenson et Shy Martin. » Tout a été coordonné par note équipe A&R au Royaume-Uni, Tracy Fox et Paul Arnold… L’équipe de Hitimpulse était, et ils font partie de l’écurie Ultra Records…

L’impulsion de base était toute simple : « Jenson est un excellent auteur, qui, en Suède, comprendra sa “vibe” ? Je me suis dit : Shy Martin. Ajoutez à cela les excellents producteurs que sont Hitimpulse. Nous avions là la bonne chimie, et celle chimie nous a donné “First Time”. »

C’est l’équipe de Shy Martin qui a envoyé le démo à Helen Helen [McLaughlin, alors directrice A&R] chez Sony Suède et qui travaillait avec moi et Kygo. Il a entendu la chanson, l’a adorée et le tour était joué. Hitimpulse aimait l’idée qu’elle soit enregistrée par Kygo avec leur coopération en tant qu’auteurs de la pièce. Elle a été créée, puis il y a eu un peu de va-et-vient : « Est-ce qu’elle sera lancée par Hitimpulse ? » Mais lorsque la possibilité qu’elle le soit par Kygo s’est matérialisée, Hitimpulse a trouvé que c’était une bonne idée. Tout s’est déroulé très naturellement et la chanson est devenue un « hit » qui a cumulé plus de 150 millions d’écoutes sur Spotify. Ç’a été un immense succès en soi et pour Jenson Vaughan.

C’est un incroyable travail d’équipe et il démontre bien une chose : en créant des chances, on crée de la chance. Si nous n’avions pas envoyé Jenson à Stockholm, s’il n’avait pas été jumelé à Shy Martin, si Hitimpulse n’avait pas fait le voyage depuis l’Allemagne… Chacune de ces choses a nécessité un peu d’efforts, et c’est ensemble que vous créez les chances que tout cela se produise.



Milk & BoneUn peu moins de trois années ont passé depuis l’arrivée immanquable de Laurence Lafond-Beaulne et Camille Poliquin dans la cour des grands. Leur duo Milk & Bone fait partie des recettes gagnantes; un amour au premier regard entre leur univers mystérieux et le public. Après Little Mournings, elles nous invitent ces jours-ci dans la Baie des Déceptions, l’endroit où l’on se rejoint quand on veut remonter la pente en se servant des erreurs du passé pour aller plus loin. Bienvenue à Deception Bay.

Je rencontre Laurence et Camille dans un café montréalais où elles rigolent déjà entre elles à mon arrivée. « On se lance en humour », plaisante Camille. « On va faire notre propre première partie avec notre show d’humour. Camille fait des jokes et moi je ris », ajoute Laurence.

Même si les talents humoristiques des deux musiciennes ne font pas partie des véritables plans de carrière du duo, il est fort intéressant de constater l’habileté incroyable qui leur permet de chanter des chagrins tout en laissant transparaître une intense lumière. « Tous les textes de nos chansons partent d’émotions réelles. On les écrit parce qu’on a besoin de les écrire, mais on a écouté énormément de pop dans notre vie, donc, instinctivement, c’est plus lumineux, comme la pop peut l’être, quand on arrive à l’étape des arrangements », explique Camille.

You never said why you went away / We’ll meet again in Deception Bay / You promised you would be here to stay / We’ll meet again in Deception Bay

La chanson-titre de l’album évoque cet endroit onirique où l’on récupère les histoires qui ont mal tourné. On y retrouve toute l’espérance qui réside dans la perte des instants précieux. « Deception Bay, c’est là où tu envoies tout ce qui t’a déçu. C’est un endroit honteux, difficile à visiter, mais il est important parce que c’est grâce à lui que tu es plus fort après, même si c’est douloureux », image Camille.

« On était vraiment inquiètes par rapport à ce titre-là, même si ça allait de soi pour nous que l’album devait porter ce nom, ajoute Laurence. On se disait que de mettre le mot déception dans ton titre d’album, c’est un peu comme donner gratuitement la ligne aux critiques qui n’aimeront pas ça (rires). Mais on espère que les gens y verront davantage l’aspect poétique. »

Le temps des compromis

Travailler en équipe exige des sacrifices, c’est vrai dans tous les domaines, mais réussir à élever une œuvre commune en ayant deux visions plutôt qu’une, ça demande une approche particulière du travail. Pour Milk & Bone, il est inutile de chercher à trouver le juste milieu entre les deux pôles, car Camille et Laurence se présentent comme des éléments complémentaires.

« Je pense que, juste de travailler avec quelqu’un qui gère les choses différemment, ça m’aide à être plus sensible aux autres, dit Laurence. Avant de travailler en équipe, tu penses toujours que tout le monde travaille exactement comme toi, qu’il n’y a qu’une façon de faire. Camille m’inspire beaucoup et elle me challenge. Il y a une grande partie de moi qui se force à être bonne parce que je veux qu’elle soit contente. »

Pour Camille, le lien n’est rien de moins que le plus intense de tous : la famille. « Un chum, une blonde, des meilleurs amis… ce sont des choses qui peuvent se briser, admet Camille. Nous, on est liées par notre projet. C’est vraiment un sentiment d’être sœurs. Même si on se voit dans nos pires moments, on sait qu’on va toujours devoir prendre soin de l’autre. » « C’est le genre de relation où tu ne peux pas juste quitter quand ça va mal. Il faut que tu t’occupes de la situation », renchérit Laurence.

« On avait envie de ne pas s’imposer de limite. Dans la création, la seule vérité, c’est qu’on a le droit de faire ce qu’on veut », Camille Poliquin, Milk & Bone

Penser la suite

Il y a trois ans, Milk & Bone esquissait un projet sur un canevas tout blanc. Aujourd’hui, le duo détient le sceau d’approbation critique et populaire qui prouve que les deux jeunes femmes ont fait leurs preuves. « On sait que les gens attendent le nouvel album donc ça nous motive », dit Laurence. « Si le premier avait moins bien passé, on aurait entamé la production du deuxième avec un peu plus d’amertume », complète son acolyte. « Au moment où on n’avait encore rien prouvé, les gens avaient déjà confiance en nous, se rappelle Laurence. La SOCAN, entre autres, nous a décerné son prix Révélation en 2015. Ils ont vu quelque chose en nous au départ, quand on n’était seulement deux jeunes femmes qui décidaient de se lancer. On ne s’attendait vraiment pas à être autant prises sous leur aile. »

BBBLUE, :’) et Tmrw. font partie des titres de chansons que l’on retrouve sur Deception Bay. De quoi faire sourciller les plus conservateurs et titiller les amateurs de singularité. Ici, Milk & Bone repense la forme et fait exploser le cadre. « Pour le premier album, on a fait les choses en bonne et due forme avec une majuscule au début de chaque mot, mais la vérité, c’est qu’on ne travaille pas comme ça, assure Camille. On avait envie de ne pas s’imposer de limite. Dans la création, la seule vérité, c’est qu’on a le droit de faire ce qu’on veut. »

Plus qu’une abolition du cadre, le duo offre son propre moule : une identité visuelle qui lui est propre et qui permet d’embrasser la musique, de s’y fondre, d’en faire partie. « Tout est calculé, confirme Laurence. On sait qu’il y a beaucoup plus de chance que les gens s’approprient ce qu’on fait s’ils peuvent capter toute la cohérence qui entoure la chanson. » « Je consomme autant de musique que d’images, complète Camille. Pour moi, ça va de soi. Et c’est pourquoi, même s’il n’y a pas de clip officiel pour chaque chanson, on va créer un visuel pour chacune d’elle pour que les gens puissent se mettre à off et s’imprégner d’une image en écoutant. On sait que nos chansons vont exister de cette façon, sur YouTube. C’est important pour nous que tout ce qui entoure la consommation de la pièce soit unique. »

Chez nous, partout

Le groove électro féminin proposé par les deux femmes ne plait pas qu’ici et, rapidement, elles ont pu faire voyager leur son. L’exportabilité de la musique, est-ce que ça se calcule ? « Je ne le sais pas, avoue Camille. Mais je sais que si on y réfléchit trop, ça ne marchera pas. Pour nous, la seule raison qui fait en sorte que ça parle aux gens, c’est que ça nous ressemble. Pour rejoindre quelqu’un intimement, il faut que nous-mêmes on ressente des affaires. Ce n’est même pas une question de chanter en anglais ou pas. »

Si le deuxième album est souvent celui qui provoque des angoisses de performance aux artistes, ici, la route a été moins sinueuse compte tenu de la confiance engendrée par le succès du premier effort. « On voulait prendre tout ce qu’on avait aimé du premier album et pousser ça plus loin », dit Camille. « Mon seul stress est arrivé une fois que l’album a été complètement fini. Il est devenu, par définition, imparfait parce qu’on ne pouvait plus y toucher. Mais j’ai vraiment hâte que les gens puissent l’entendre », admet Laurence.

Devant leurs claviers et leurs consoles, Camille et Laurence sont en contrôle. Sachant que le préjugé de la « chanteuse qui ne sait que chanter » est bien vivant dans le monde de la musique, elles ont choisi d’attaquer la tournée encore une fois, que toutes les deux. « On s’est toujours entourées de gens vraiment respectueux donc dans le day to day, on ne sent pas cette pression-là, mais on trouvait que ça avait plus de sens de défendre à deux notre musique qu’on fait à deux. »

Complices et pleines d’assurances, Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne nous font voguer sur leur baie jamais décevante. On y rencontre des voix fortes qui savent guider la peine vers des eaux plus calmes. « On est vraiment devenues de meilleures musiciennes depuis le premier album, affirme Laurence. On a évolué. » « On est solides et, même si j’ai déjà douté du fait d’être bonne dans mon métier, là, j’ai le sentiment que je peux me permettre d’être whatever the fuck I am. » C’est dit. Et c’est vrai.



Zen Bamboo

Zen Bamboo, c’est un quatuor de Saint-Lambert qui répète dans un sous-sol. Léo Leblanc, Simon Larose, Charles-Antoine Olivier et Xavier Touikan tracent leur chemin eux-mêmes autour de cet agréable cliché de groupe de banlieue qui rêve grand; ils arrosent le mythe et se construisent autour de ce dernier.

Auprès d’un public précis, à l’orée de l’âge, la réponse à l’offre de Zen Bamboo est positive, effrénée. « Il y a des gens qui sont convaincus qu’on est vraiment cool et c’est ce qui nous étonne le plus », avoue d’emblée Simon Larose, parolier et chanteur de Zen Bamboo. Et si la critique leur dessine un avenir où les comparaisons avec les grands noms foisonnent, ceux-ci refusent l’étiquetage qui est « ennuyant et manque d’imagination ».

Après des démos enregistrés avec peu de moyens, l’été dernier, les garçons ont cassé leur tirelire pour enregistrer seize morceaux réalisés par Thomas Augustin (Malajube), qui depuis, sont révélés au compte-gouttes. Le Volume 1: Juvénile, paru en juillet dernier dévoilait quatre chansons, puis le Volume 2: Plus mature, plus assumé divulguait six autres pièces en novembre 2017, désormais sous la bannière de Simone Records. « Toutes les chansons proviennent du même enregistrement, explique Simon Larose. Donc quand on parle de maturité, ça relève plus de la sélection des chansons que de l’évolution entre les deux. »

 La maturité n’est pas ce qui nous interpelle au premier regard, les quatre musiciens étant plutôt dissipés et souvent plongés dans une dérision qui laisse soupçonner qu’ils nous mènent en bateau. Ils affirment d’ailleurs depuis plusieurs années qu’ils ont tous 19 ans, une donnée qui s’est avérée erronée après une brève recherche sur Facebook. « S’il fallait argumenter au sujet de notre maturité, je dirais qu’on boit moins et que, dorénavant, on est trois à étudier à temps plein à l’université et Léo, lui, a obtenu un Diplôme d’études collégiales. C’est pas de la sagesse, ça ? », questionne Simon. « Il y a plus de reverb, aussi dans notre Volume 2, renchérit Charles-Antoine. Normalement plus il y a de reverb et plus c’est mature. » Ce n’est pas le cas de Mario Pelchat, dis-je. Ils se consultent, ne sachant pas tous de qui je parle.

Si la discussion avec Zen Bamboo est souvent décousue et entrecoupée de rigolades, la portion scénique, elle, casse tout, sérieusement. Le quatuor est habité par un désir de performance bien tangible qui convainc tout le monde de les qualifier de groupe prometteur, ce à quoi ils répondent en riant, à la fois persuadés que leur matériel est excellent, mais que le grand public n’est pas encore à leur portée. « C’est la constante des 10 000 heures, justifie Simon. Si tu fais n’importe quelle tâche pendant 10 000 heures, tu deviens un expert. Par la force des choses, on s’améliore. Si on est solides en spectacles, c’est parce qu’on répète beaucoup. »

Sur scène, pour eux, « la switch est à off ». Selon Simon, c’est l’endroit pour sortir du cadre. S’il est déconseillé de sauter partout et de bouger ses membres dans tous les sens dans l’autobus, par exemple, Zen Bamboo souhaite que les spectacles fassent tomber ces barrières. « Je ne vais pas me mettre à suivre des règles de bienséance sur scène, ajoute-t-il. Je ne fais pas de dope, je ne fais pas de bungee. C’est là que je vis mon trip. » C’est donc dans la spontanéité que la magie opère. « La seule fois qu’on a essayé de calculer, c’était à Granby (au Festival International de la chanson, en 2015). On s’était déguisés, CAO (Charles-Antoine) avait un chapeau de safari, et ça a été notre pire show. »

La voix de Simon, tantôt nonchalante, tantôt haut perchée et toujours singulière, se place au cœur d’arrangements précis où transparaissent les heures de pratique. C’est la plume tourmentée du chanteur qui raconte toutes les histoires. « J’écris la musique et les paroles en dialogue, image-t-il. L’une influence l’autre. Souvent je vomis des mots dans le bloc-notes de mon cellulaire et ensuite de m’assois pour recadrer le tout. C’est toujours très long avant que quelque chose de potable ne survienne. C’est rare que j’aime ce que je fais. Quand je digère les tounes, je fais juste angoisser. »

Il est important pour eux d’aborder les sujets en passant par des sentiers nouveaux. « Dans Si c’est correct, je trouve ça l’fun de parler de baise dans l’optique de ne pas le faire finalement, dit Simon. Je trouve ça plaisant qu’on ait encapsulé un sentiment qui n’est pas particulièrement représenté. Le one night qui n’aboutit pas, les gens parlent pas de ça. »

Sortir des EP de temps en temps, c’est une curieuse technique, même s’ils ne sont pas les seuls à ne plus vraiment percevoir l’intérêt dans l’album entier. « On est toujours en train d’enregistrer, lance Simon. Le circuit québécois classique, j’hais ça. J’écris deux tounes par semaine, j’en ai 95 en banque qui me provoquent des névroses. Il faut que ça sorte. » Les prochains buts de Zen Bamboo se situent maintenant sur la scène : ne manquer aucun festival durant l’été 2018. « Le festival du porc en canne, de la patate, des betteraves. On va tous les faire, lance Simon. Et on veut sortir de la musique. Beaucoup. Trop. Fréquemment. »