Darren Fung, originaire d’Edmonton, n’a pas eu besoin de remporter le Prix Écran canadien 2021 pour lequel il était finaliste (dans la catégorie Meilleure musique – non-fiction) pour se sentir comme un gagnant.
Il en avait déjà deux, pour The Great Human Odyssey en 2016 et Equus : Story of the Horse en 2019. Cette nouvelle mise en nomination était pour A Bee’s Diary, et toutes trois étaient des coproductions de la CBC.
« Cela semble tellement cliché », dit-il, « mais c’est vraiment un tel honneur d’être mis en nomination ; dans mon esprit, la nomination signifie plus que le prix lui-même. La nomination est le fait d’un jury composé de vos pairs ; ils ont pris le temps de regarder le film et de dire “Hé, son travail se démarque du lot”. On peut toujours discuter de la politique derrière les votes et tout ça, mais pour moi, la nomination est vraiment ce qui compte. J’en suis évidemment très fier, très humble. » Les prix seront remis le 20 mai 2021.
Diplômé de l’Université McGill, Fung compte à son actif plus d’une centaine de compositions pour la télévision et le cinéma, dont sa réinterprétation du célèbre « Hockey Theme » pour CTV et TSN. Si les trois documentaires susmentionnés étaient axés sur la nature, Fung applique les mêmes critères rigoureux pour son travail sur des commandes plus conventionnelles.
« Pour moi c’est la même chose », dit-il au téléphone depuis sa maison de Los Angeles. « En fin de compte, tu racontes une histoire ; il s’agit de raconter une histoire à travers la musique. Les outils sont les mêmes, qu’il s’agisse d’un film de fiction, d’un documentaire ou, franchement, d’une publicité. Vous faites appel à cette même palette… J’ai toujours dit que je ne traite pas un genre de film différemment d’un autre. Tout est une question de comment raconter l’histoire, et comment ma musique peut la compléter. »
Écrire de la musique sur commande pour le projet de quelqu’un d’autre est très différent d’écrire pour soi-même. « Le travail du compositeur à l’image n’est pas d’écrire la musique qu’il veut pour le film, mais d’écrire la musique qui convient au film et qui correspond à ce que veulent les réalisateurs », dit Fung.
« C’est l’un des grands défis des jeunes compositeurs à l’image. Tout le monde a une sorte de vision romantique de ce qu’est un compositeur pour l’écran, mais la réalité est que vous devez accepter le fait que quelqu’un d’autre mène la barque. Beaucoup de gens se lancent dans cette profession sans s’en rendre compte, et ils finissent par déchanter. Ils ne peuvent pas composer ce qu’ils ont envie. Tu peux écrire la meilleure composition du monde, mais si elle ne cadre pas, ça peut devenir décourageant. »
D’un autre côté, si vous visez dans le mille, vous pourriez repartir avec un prix pour votre travail.
Diffusion en continu : la position des compositeurs
(30 mai 2019), Fung a fait publier une colonne d’opinion dans le Toronto Star plaidant pour davantage de discussions entre diverses organisations commerciales et le gouvernement sur la réglementation « brutalement injustes » des services numériques par abonnement. « À notre époque où les services de diffusion en continu et les fournisseurs d’accès à Internet enregistrent des bénéfices records, nous voyons les riches s’enrichir et la classe moyenne créative mourir à petit feu. » A-t-il constaté des progrès ? « Je pense qu’en ce moment, il y a des gens qui sont sur le coup pour mettre de la pression sur les bonnes personnes avec les nouvelles modifications à la loi sur la radiodiffusion », dit-il. Je pense que la SOCAN, de concert avec toutes les organisations commerciales comme la Guilde des compositeurs canadiens de musique à l’image, la SPACQ, l’Association des auteurs-compositeurs canadiens, ont bien joué leurs cartes en plaidant auprès des bonnes personnes à Ottawa, et en disant : « Hé, pour soutenir l’industrie de cette façon, nous devons la réinventer ». La bataille est longue, non ? C’est l’une des frustrations de beaucoup de créateurs de musique. Nous avons tellement l’habitude de travailler dans des délais rapides et d’aller d’un concert à l’autre qu’il est difficile d’avoir une vue d’ensemble avec le temps, l’énergie et les efforts que nous y consacrons. C’est frustrant que les choses ne bougent pas plus vite. Mais c’est comme ça qu’Ottawa et les changements de politique à ce niveau fonctionnent. Y a-t-il du changement dans l’air ? Oui. Est-ce que ces changements se sont déjà produits ? Pas encore tout à fait. »