Celui qui a réussi à transformer le thème d’une comédie télévisée des années 80 en classique a certainement beaucoup d’audace. Alan Thicke, acteur, comédien, animateur, auteur et intronisé au Canada’s Walk of Fame est aussi un auteur et compositeur de thèmes musicaux accompli et membre SOCAN. Le thème de Diff’rent Strokes est l’une de ses créations les plus inoubliables.

Comment avez-vous commencé à composer pour la télé ? Ce n’est pas ce que vous étiez censé faire en vous rendant à Los Angeles, n’est-ce pas ?
Non, j’étais un simple guitariste qui chantait dans les bars de Toronto avec un groupe, et j’ai toujours aimé la musique. Lorsqu’on m’a confié ma première commande aux États-Unis, après avoir passé quelques années à écrire pour des émissions de variétés, ce fut pour un jeu-questionnaire. Ces gens connaissaient mon passé musical et ils m’ont demandé d’écrire le thème musical d’une émission. Ils voulaient quelque chose de différent, alors j’ai proposé du rock « n’ roll, quelque chose de contemporain. Et pour aller plus loin encore, pourquoi ne pas y ajouter des paroles ? C’est ce que j’ai fait. J’ai écrit, enregistré et chanté la chanson thème de The Wizard of Odds. Selon les critères d’aujourd’hui, ça paraîtrait plutôt boiteux, mais si on revient à l’époque de cette émission de jeu, c’était plutôt avant-gardiste.

Le thème de Diff’rent Strokes est attribué à vous, à votre épouse d’alors Gloria Loring et à votre gérant Al Burton. Comment avez-vous collaboré ?
Al admettrait franchement que son rôle dans la création de cette chanson a été de me la demander. [rires] Gloria était très occupée comme artiste et était souvent en tournée. Quand je lui ai parlé de cette commande, elle et son guitariste ont improvisé quelques idées et je pense bien qu’on en a utilisé une ligne ou deux. Je ne veux absolument pas ignorer sa contribution, car on a partagé beaucoup de choses, mais je pense qu’elle serait d’accord pour dire que j’ai écrit cette chanson. Les paroles sont de moi et la plus grande part de la musique. Puis je suis allé en studio avec David Foster — qui s’occupait souvent des claviers dans bon nombre de mes sessions à l’époque — et je l’ai réalisée avec David et les gars. On y entend aussi la voix de Brenda Russell dans les chœurs. Ç’a été un beau début pour ma collaboration avec Norman Lear Productions, ce qui a conduit à Facts of Life et à environ 45 thèmes musicaux au fil des années.

C’a été l’âge d’or de l’écriture de chansons thèmes avec paroles. Qu’est-ce qui vous fait dire que cette mode est passée ?
Les réseaux de télévision ne veulent pas attendre 30 secondes pour que la prochaine émission vous accroche. C’est une question pratique.

Avec les années, quelles histoires avez-vous entendues au sujet de cette chanson et de ce qu’elle signifiait pour les téléspectateurs ?
De mon point de vue, il y a parfois des jeunes qui se réunissent autour d’une bière et qui, pour jouer, essaient de se rappeler les paroles des chansons thèmes des émissions de l’époque de leurs parents. [rires] Le fait que chaque trimestre, depuis 35 ans, je reçois un relevé de la SOCAN indiquant que cette chanson a été utilisée et jouée est très flatteur. Entre Diff’rent Strokes et Facts of Life, plusieurs de mes chansons ont été entendues dans des émissions comme Dave Chapelle, SNL ou Two Broke Girls. Quand j’entends les lignes que j’ai écrites dans un sketch, je me tourne vers mon fils de 16 ans et je lui lance, « Hé, c’est ma chanson ! »

Vous avez parlé de l’entraide canadienne à Los Angeles dans les années 70 et comment vous-même, plus tard, avez aidé la nouvelle génération de Canadiens là-bas. Quel serait votre conseil aux jeunes compositeurs du cinéma et de la télévision ?
Je leur dirais, ne cherchez pas à faire de la musique pour la télévision, mais simplement de la musique. La télévision s’arrangera bien par vous trouver.



Formé il y a près de 30 ans, le Centre culturel écossais de Vancouver accueille la « United Scottish Cultural Society » et un centre des congrès. Ses responsables attribuent surtout son succès au bouche à oreille et le centre tient des douzaines d’événements chaque année.

Ce succès tient aussi à la variété des styles musicaux et des événements, des mariages aux réunions familiales, en passant par les concerts et autres soirées spéciales. La salle Caledonian, la plus grande du centre, comprend une scène complète avec système de son ambiophonique. Les spectacles de danse gaéliques ou des Highlands bénéficient donc d’une musique de fond de qualité. On embauche aussi des artistes locaux pour de nombreux spectacles. « En misant sur nos artistes, nous encourageons le développement de leur carrière, » estime Darryl Carracher, directeur général du centre.

Le centre n’est que l’un des quelque 30 000 lieux qui affichent fièrement leur soutien aux membres de la SOCAN. « L’autocollant Autorisé à vous divertir proclame haut et clair que le Centre culturel écossais se conforme avec le mandat de soutenir les musiciens et créateurs de musique canadiens et fait ce que tous savent bien qu’il est juste de faire, » ajoute M. Carracher.

« Nous encourageons nos partenaires en affaires, les titulaires de licences de la SOCAN, à afficher fièrement l’autocollant Autorisé à vous divertir afin de dire au reste du pays que la musique fait une différence dans leurs affaires, » a déclaré Jennifer Brown, vice-présidente du service des Licences à la SOCAN.

La SOCAN émet des licences à plus de 125 000 entreprises au Canada, qui reconnaissent la contribution de la musique à leur succès.

« La musique est essentielle, dit Darryl Carracher. Que ce soit la musique de fond durant un dîner de collecte de fonds ou réception de mariage ou encore un concert de rock plein d’énergie, la musique contribue d’une manière significative – parfois à un niveau subliminal – au ton de chaque événement tenu au Centre culturel écossais. »

Pour en savoir plus et devenir Autorisé à vous divertir, cliquez ici.



Affranchi des règles traditionnelles régissant le hip-hop, le groupe Dead Obies voit le jour en 2011 et décide d’apposer l’étiquette « post-rap » à sa mixture mâtiné d’éléments punk, électro et soul. Résultat de la première année d’apprentissage et d’expérimentation du collectif, Collation vol. 1 est une collection sympathiquement bordélique, réalisée dans un sous-sol. « Un disque dur a sauté et on a perdu tous nos projets work in progress. On avait juste les mp3 de certaines sessions, raconte Yes Mccan, l’un des cinq MC du groupe. On a décidé de sortir ça et de voir la réaction des gens. Puis, on a reçu de bonnes critiques et l’album a trouvé des preneurs. Par contre, on n’avait pas de réseaux de marketing. On a juste mis ça sur Facebook et Band Camp et ça s’est partagé. On ne s’était pas réellement forcés pour l’écriture des chansons et on s’est mis à réfléchir sur ce qu’on avait envie de dire. Puis, on a eu envie de faire une espèce d’album conceptuel qui expliquait d’où on venait. »

Le clan (complété par RCA, Snail Kid, 20some, O.G. BEAR et VNCE) se réunit dans un chalet et conceptualise ce qui deviendra Montréal $ud, le premier album officiel du sextuor, paru en novembre 2013. Ambitieux, audacieux, actuel dans sa facture, proposant une kyrielle de beats inventifs et solides, l’opus renferme pas moins de 17 morceaux et se veut une véritable chronique de vie suburbaine. Bref, ça groove avec intelligence et authenticité. « On a voulu donner un feeling cinématographique à l’ensemble. Jouer avec l’état psychologique de la personne qui l’écoute. Je vois un peu ça comme un roman. On avait en tête le Heart of Darkness de Joseph Conrad. Plus tu plonges dans le cœur du territoire de Montréal Sud, plus tu t’y enfonces… L’idée qu’on avait au départ était encore plus narrative, car on voulait faire ce que Kendrick Lamar avait fait sur son album Good Kid, M.A.A.D. City : un voyage où le lieu et l’environnement sont au cœur de l’histoire et influencent le personnage central. On a redirigé notre trajectoire pour que ce soit un peu plus lousse. On voulait une œuvre complète, à l’encontre de ce qui se faisait dans le rap à l’époque. Puis, lorsque l’album est sorti, on était timé avec ce qu’il se faisait dans ce style!, » confie Yes Mccan en souriant.

« On voulait faire un disque que les gens puissent écouter en se rendant à leur job qu’ils n’aiment pas, qu’ils aient le goût de passer à travers leur journée. »

Si le jeune MC de 24 ans avance qu’il n’y a pas réellement de thèmes de prédilection dans l’œuvre du sextuor, on y retrouve néanmoins une vibe omniprésente. « C’est un album d’empowerment. On en voit beaucoup dans le rap. On voulait faire un disque que les gens puissent écouter en se rendant à leur job qu’ils n’aiment pas et qu’ils aient le goût de passer à travers leur journée. C’était ça le motif derrière l’album. »

Âgés de 22 à 26 ans, les six membres des Dead Obies sont des mélomanes avertis. Tous partagent un amour indéfectible pour la musique, au sens large du terme. Ça s’entend à l’écoute de Montréal $ud. Alliant franglais, créole, français et anglais avec une aisance désarmante (une « simple réalité du Québec moderne » selon Mccan), la bande préconise une approche démocratique pour l’écriture de leurs brûlots. « VNCE s’occupe de la musique. Il arrive parfois avec un morceau déjà composé en entier ou presque et le reste du groupe va s’y mettre. En d’autres occasions, on va partir de rien, mais la musique vient toujours avant les paroles qui appuient simplement l’histoire racontée en musique. Traduire avec des mots le feeling musical d’un morceau, c’est notre grand défi. On se rassemble et discute. Une personne va écrire un couplet. On écoute ça ensemble. Puis, d’autres membres vont se mettre à écrire leur partie. On tente de trouver un thème principal autour de ce qui est raconté. Tout le monde va s’échanger les paroles et on va essayer de construire quelque chose à partir de cette idée. »

Travailleurs à plein temps, les membres des Dead-O cultivent le rêve, un jour, de vivre de leur art. Yes Mccan précise : « On n’élèvera sans doute pas nos familles en vendant des disques, mais je pense qu’il y a moyen d’être dans le loop. On est en train de s’organiser pour que ça fonctionne. On veut monter notre propre studio et offrir des services professionnels. Il s’agirait d’une façon efficace de stabiliser nos revenus. Tu sais, je ne me suis jamais identifié à la musique pop qu’on entend à la radio, mais je me dis que si ces artistes banals réussissent à vivre de leur art et à combler une demande, peut-être que je mériterais moi aussi de gagner ma vie avec la musique! »

En plus de l’élaboration de ce studio-maison, le combo collabore avec une compagnie de production et souhaite débarquer avec un spectacle qu’il présentera lors d’événements à grand déploiement. Premier arrêt : le festival Montréal en lumière. « On a toujours essayé de donner le meilleur show possible avec les moyens du bord mais maintenant on peut se permettre de faire des choses plus big. Montréal $ud a été enregistré de la même façon que Collation Vol. 1 : on faisait les pistes de voix dans une garde-robe et les beats dans un sous-sol. On veut pousser les choses plus loin et faire voyager notre musique. Rien n’est confirmé, mais on aimerait aller en Europe. On va rester occupés, c’est certain. VNCE a déjà une vingtaine de beats prêts. On fournit beaucoup. Ça inquiète parfois notre maison de disques! On veut améliorer notre craft pour offrir quelque chose d’encore vraiment meilleur. » Décidément, l’avenir est prometteur pour les Dead Obies.