L’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, est la terre d’origine ou d’accueil de nombreux membres bien connus de la SOCAN, dont notamment la violoniste primée Natalie MacMaster, le groupe country-folk The Rankin Family, les membres du groupe pop celtique The Barra McNeils ainsi que Gordie Sampson, un auteur-compositeur gagnant d’un prix Grammy. Mais la Nouvelle-Écosse est aussi la province où se trouve le Ceilidh’s Pub, un pub de Dartmouth reconnu pour ses nombreux spectacles de musique gaélique et folk typique du Cap-Breton et un fier participant au programme Autorisé à vous divertir de la SOCAN.

L’établissement a ouvert ses portes en 2013 et s’est rapidement bâti une importante équipe de musiciens et d’auteurs-compositeurs qui donnent régulièrement des spectacles en semaine et devant une salle comble les week-ends.

«Je tenais à recréer l’ambiance d’un party de cuisine typique des maritimes dans mon pub», explique Roseanne MacKinnon, la propriétaire du pub. «La musique joue un rôle crucial au Ceilidh’s Pub. Après tout, le mot Ceilidh signifie un regroupement d’amis et de membres d’une famille dans le but d’échanger, de prendre des nouvelles de tout le monde, de jouer de la musique et de danser.»

Un vaste éventail de musique traditionnelle écrite et composée par des habitants de la région peut être entendu à toute heure du jour. Il y a une soirée hebdomadaire ouverte aux talents amateurs et les vendredis soirs sont réservés aux violoneux.

«Notre pub est devenu LA place pour de la bonne musique, et bien sûr de la bonne bouffe», s’enorgueillit MacKinnon. «Être licencié par la SOCAN nous permet d’être l’endroit, dans notre communauté, où les musiciens et les auteurs-compositeurs peuvent venir pour faire valoir leur talent et partager leurs créations.»

Le Ceilidh’s Pub aide également à promouvoir le talent musical des maritimes d’une autre manière: une fois par moi, l’établissement est l’hôte d’ateliers de création musicale où les artistes de la région – la majorité étant des membres de la SOCAN – se réunissent pour échanger et créer.

En conclusion, Roseanne MacKinnon confie le secret de son succès: «Il faut deux ingrédients: de la bonne musique et de la bonne nourriture».



Si la taille d’un mau5olée est garante de la taille d’un égo, alors celui de la vedette de ce qui est communément appelé EDM en Amérique du Nord (ou tout simplement dance music), deadmau5 en est un exemple éloquent.

L’artiste originaire de Niagara Falls, en Ontario, et mieux connu de ses parents sous le nom de Joel Zimmerman a récemment quitté son luxueux condo du centre-ville de Toronto pour s’établir dans un manoir gargantuesque construit sur mesure sur une terre de 118 acres située à environ 45 minutes de la ville.

C’est à Mau5 Mansion, on le présume, qu’il a l’intention de construire un studio d’enregistrement de près de 4200 m2 qu’il compte mettre à la disposition de «vrais musiciens», comme il le dit. Cela dit, ce pourrait bien être une fanfaronnade, puisqu’il a déjà également déclaré qu’il songeait à se porter acquéreur de Marineland, le parc d’attractions situé dans sa ville natale.

Deadmau5 est le premier musicien canadien à avoir donné une prestation à guichets fermés au Rogers Centre de Toronto.

Mais comme si ce manoir n’était pas suffisant, il fait régulièrement montre de son goût du luxe grâce à des voitures dont le coût d’acquisition comporte six, voir sept chiffres. Dans la liste: une McLaren 650S, une BAC Mono – que le musicien à décrit à la BBC comme une «voiture de Formule 3 qui peut circuler sur la voie publique» –, une McLaren P1, une Bentley Continental GT Supersports, un Jeep Rubicon personnalisé, un Range Rover, une Honda Fit (pour faire l’épicerie, probablement), ainsi qu’une Ferrari 458 Spider qu’il a également personnalisée et baptisée la «Purrari» (NDT: de purr, en anglais, signifiant ronronner), et qu’il a pilotée lors de la course transcontinentale Gumball Rally.

Heureusement, le tape-à-l’oeil n’est pas la seule mesure de la popularité de deadmau5. Celui qu’on a pu voir sur la couverture du magazine Rolling Stone en 2012 est une des figures les plus en vue de la musique électronique tant grâce ses créations progressive house et trance – pour lesquelles il a reçu de nombreux prix et nominations Beatport, Juno et Grammy – que par la facture visuelle lorsqu’il se présente sur scène affublé de sa tête de souris reconnaissable entre toutes.

Cette mau5head illuminée électroniquement que Zimmerman porte sur scène ressemble à une version très épurée d’un Mickey Mouse en extase, tant et si bien que Disney a demandé au Bureau américain des brevets et marques de commerce de se pencher sur la question.

Équipée d’une multitude de DEL programmées pour réagir à la musique qu’il joue sur scène, cette ingénieuse signature graphique lui a permis de construire un pont entre l’underground et la culture populaire. Il tellement in que les amateurs d’EDM trépignent d’impatience en attendant son prochain disque et ses apparitions dans des séries télévisées telles que Gossip Girl ou CSI n’entachent pas sa réputation.

Ce n’est pas lui, non plus, qui va lever son nez de souris sur un peu d’attention des médias de masse. «J’aime jouer le jeu», expliquait-il à Resident Advisor en 2008. «Je me dis que si jouer le jeu te permet de te faire connaître à un auditoire de 6 millions de personnes qui n’avaient jamais entendu ta musique, voire peut-être même jamais entendu de musique électronique, et que de ces 6 millions, tu arrives à créer 2 millions de nouveaux amateurs du genre qui à leur tour vont devenir fans d’autres artistes de la scène…»

Et c’est sans aucun doute le fait de jouer le jeu qui a permis à deadmau5 de devenir une superstar qui commande un cachet d’au moins 100 000$US par prestation, et le premier musicien canadien à avoir donné une prestation à guichets fermés au Rogers Centre de Toronto – ce qui signifie pas moins de 54 000 billets vendus –, et tout ça en un très court laps de temps, comme en témoigne le titre de son album rétrospective paru récemment, 5 Years of Mau5.

Comment y est-il arrivé?

Il a suivi des cours de piano lorsqu’il était jeune, mais le vent a tourné lorsqu’il a découvert sa passion pour les ordinateurs. «J’avais un oncle, le mouton noir de la famille, qui était fasciné par tout ce qui est mécanique» confiait-il encore à Resident Advisor. «Il réussissait à faire des trucs universitaires avec des logiciels à l’époque où les ordinateurs n’étaient pas beaucoup plus puissants qu’une calculatrice. C’était toujours à lui qu’on faisait appel pour réparer l’ordi de la maison.»

Nourri autant de Skinny Puppy que de Steely Dan, Zimmerman a lui aussi commencé à bidouiller, déconstruire, reconstruire et à absorber toute cette technologie. «Des horloges, des appareils ménagers, tout ça. Il y avait tout un cimetière sous mon lit» racontait-il au magazine Rolling Stone en 2012.

Selon Toronto Life, c’est sa grand-mère qui lui a fait connaître le monde des jeux vidéo, et c’est cette convergence de technologie et de musique qui lui a donné l’élan qui allait se transformer en une carrière musicale. Depuis, la musique de deadmau5 a été en vedette dans les jeux DJ Hero, plusieurs itérations de la série Grand Theft Auto, FIFA 13, Need For Speed: Most Wanted et même dans The Sims 3.

Adolescent, il a commencé à s’intéresser de plus près aux ordinateurs et aux outils de création musicale, au moment même où il découvrait la scène rave, à la belle époque où ces événements se déroulaient dans des lieux tenus secrets, époque dont il se dit d’ailleurs nostalgique.



À l’occasion de vingt ans de publication pour Paroles & Musique, nous avons réuni trois auteurs, compositeurs et interprètes pour jeter avec eux un regard sur deux décennies de création, de chansons… et de transformations. Daniel Boucher, Stefie Shock et Dumas, qui ont tous lancé un nouvel album l’automne dernier, jasent du métier et se projettent dans un avenir numérique.

Récemment, Daniel lançait Toutte est temporaire, Stefie, Avant l’aube, et Dumas, un album éponyme. Qu’est-ce que ça signifie pour vous, lancer un album en 2014?

Stefie Shock : Sortir un disque – l’objet physique – maintenant, ça ne veut plus dire grand-chose, mais l’intérêt n’est pas perdu à l’égard de l’oeuvre, juste pour l’objet. Moi le premier, je n’achète plus de disques physiques…

Daniel Boucher : En vérité, la raison pour laquelle je sors encore un album en format physique, c’est parce que mon distributeur m’a dit que le CD représentait encore la moitié des ventes d’album [au Québec]. Car mon projet de base avec Toutte est temporaire était de m’enfermer en studio et de sortir des chansons, une par mois.

Dumas, tu avais déjà saisi la transformation du marché en 2009, choisissant de lancer quatre EP en quelques mois seulement… 

« Si tu fais du bon travail, les gens vont s’y intéresser; il faut arrêter de dire que c’est la faute du consommateur qui n’achète plus de disques. » – Dumas

Dumas : Il y avait effectivement une volonté de bousculer les choses, notamment sur le plan du financement, chacun des EP servant à payer pour le prochain. Je suis content de l’avoir essayé, mais ce qui m’a surpris, c’est que malgré la transformation du marché, le moule était dur à briser. Par exemple, je ne voulais pas mettre dix chansons sur mes EPs, disons plutôt six. Sauf que le CD coûte aussi cher à produire, donc à vendre, ce qui n’était pas avantageux pour le fan. Avec le numérique, cette question ne se pose plus.

Daniel : On aimerait parfois, en tant qu’artiste, aller plus vite, être plus audacieux, mais il faut comprendre que ce n’est pas toujours possible…

Dumas : En quinze ans, on le sait, le Web a tout changé. Je me souviens à mes débuts, demander au label de nous aider à monter un site internet, c’était incompris, on se demandait à quoi ça pouvait servir! Aussi, à mon avis, le coût de production d’un disque n’a pas vraiment baissé. Bien sûr que la technologie a tout simplifié, mais mes collaborateurs, je ne peux pas les payer moins cher qu’il y a quinze ans. Pendant ce temps, on débat sur la valeur de la musique et les revenus ne sont plus là…

Daniel : Moi, donner un album, pas capable. Pourquoi? Pour essayer la musique? D’accord, alors dans ce cas, moi, je vais manger ici, et je ne paie pas. Même chose. Si j’aime ça, je reviendrai. La seule différence c’est que le repas, tu ne peux pas l’envoyer par courriel. Ça a des répercussions sur le métier d’auteur-compositeur-interprète. Je sens qu’on ne considère plus la musique comme un métier. Je suis ravi pour les artistes qui trouvent du succès en donnant gratuitement leur musique. Mais à mes yeux, c’est abandonner une partie des revenus, c’est séparer notre métier en deux : la scène et le studio. Une de ces deux parties serait du bénévolat?

Stefie : Il y a de bons exemples d’artistes d’ailleurs qui réussissent à se faire un nom, un public, en donnant leur musique, et tant mieux. On comprend que leur renommée est mondiale, leur public, international. Mais au Québec, tu peux difficilement générer un buzz et ensuite partir donner 200 concerts par année pour gagner ta vie.

Dumas : Avant, un label prenait un risque sur un album et pouvait réussir à en vendre. Parlons franchement ; aujourd’hui, on essaie de couvrir nos frais de production et de mise en marché de l’album en espérant faire des sous avec les éditions. L’enjeu, en 2014, ce sont les éditions. À cet égard, le disque est devenu une carte de visite qui te permet de donner des concerts et de jouer en festival.

Daniel : J’espère juste qu’à un moment donné, on trouvera comment parer la chute des revenus. Ça prend une manière de rapatrier l’argent sur le Web – peut-être à la manière d’une redevance plus substantielle aux artistes, comme les radiodiffuseurs qui envoient de l’argent à la SOCAN?

Dumas : Vrai, sauf que je trouve ça super pour les musiciens qui commencent. À l’époque, si t’étais en nomination au gala de l’ADISQ, disons, et tu ne faisais pas de performance télévisée, c’était à peine si on se souvenait de ton nom. Aujourd’hui, j’entends parler d’un artiste que je ne connais pas, je peux aller tout de suite sur iTunes, sur Bandcamp, écouter et acheter son travail.

On vit une époque géniale pour faire des découvertes.

Daniel : Ça, c’est sûr, mais encore faut-il que le travail soit bien récompensé…

Dumas : Au bout du compte, tout ce qu’un artiste peut faire pour s’accrocher, c’est composer de bonnes chansons qui vont rejoindre le public. Si tu fais du bon travail, les gens vont s’y intéresser; il faut arrêter de dire que c’est la faute du consommateur qui n’achète plus de disques.