Et s’il existait un endroit, en ligne, où les musiciens d’un bout à l’autre du pays pouvaient aisément se réunir et partager leur talent en temps réel, pouvant même y vendre et promouvoir leur musique ou se trouver des engagements en spectacle. Depuis quelque temps, les artistes comptent de plus en plus sur les réseaux sociaux pour réseauter et promouvoir leur carrière, mais Canadianmusicians.com offre une plateforme en ligne unique où ils peuvent créer des liens entre eux et collaborer avec leurs pairs créateurs et acteurs de l’industrie canadienne de la musique.
Créé il y a plus de 10 ans, Canadianmusicians.com est le fruit de l’imagination de son fondateur et président, John Eita qui, après de nombreuses années comme ingénieur du son et producteur a identifié une opportunité d’en faire plus pour les artistes canadiens comme lui.
« Je veux que mes membres soient au courant du pouvoir que détient la SOCAN et de tout ce qu’elle a à leur offrir. » – John Eita of Canadianmusicians.com
Le site Web par abonnement a débuté comme un simple répertoire de musiciens. Puis, avec le temps, il a évolué pour commencer à servir les entreprises locales et nationales qui souhaitaient engager, mettre en valeur et collaborer avec des musiciens de talent partout au pays. Et presque sans qu’Eita s’en rende compte, son site a répondu à un réel besoin de l’industrie canadienne de la musique, celui d’offrir aux musiciens et aux gens souhaitant travailler avec eux un point de rencontre en ligne.
« Nous nous concentrons uniquement sur les marchés canadiens », explique Eita. « Nous travaillons avec les musiciens et les salles qui les engagent. J’établis des liens de personne à personne avec mes membres qui souhaitent se promouvoir, et je contacte directement les salles de spectacle. Nous sommes le seul service du genre au Canada. »
Avec l’arrivée des réseaux sociaux dans les années 2000, Canadianmusicians.com est arrivé à brûle-pourpoint et a su s’adapter à ce nouveau phénomène en constante évolution. Et puisque son idée partage le même concept — offrir aux utilisateurs une plateforme en ligne ou créer des liens — Eita, qui est un programmeur chevronné, a créé le design et lancé un site Web repensé avec de nouvelles fonctionnalités.
« Au fil du temps, il est passé de répertoire à tout le reste », poursuit-il. « Nous comptons désormais parmi nos membres un éventail de salles de spectacles, d’ingénieurs du son, de producteurs de musique, de professionnels de l’éclairage, et ainsi de suite. C’est un site Web social qui souhaite principalement permettre aux gens de gagner de l’argent, de trouver une salle et des engagements, et de trouver des entreprises qui engagent des musiciens. »
Parmi les services offerts par Eita et son site, on retrouve également l’hébergement de musique. Les artistes peuvent téléverser jusqu’à 15 chansons gratuitement et les frais son minimes pour en téléverser plus.
« Nous sommes fiers de notre position actuelle », dit-il. « Nous offrons à nos membres un site Web très complet qui leur permet de créer des liens avec d’autres artistes et des entreprises. »
Et puisque la musique de ses membres est en constante rotation sur Canadianmusicians.com, le site est bien entendu Autorisé à vous divertir par la SOCAN. Eita explique : « La SOCAN est une des associations avec qui nous souhaitons collaborer. Sa réputation est très enviable et ses membres sont très fiers d’en faire partie. Je crois que c’est génial que nous fassions également partie de tout ça. »
« Je veux que mes membres soient au courant du pouvoir que détient la SOCAN et de tout ce qu’elle a à leur offrir. C’est quelque chose que je voulais vraiment mettre de l’avant auprès de nos membres. »
Reuben Bullock de Reuben and the Dark
Article par Meredith Dault | mardi 1 mars 2016
Reuben Bullock n’a jamais rêvé de devenir musicien. Déjà enfant, il était convaincu d’être incapable de chanter. « J’ai décidé que je n’avais pas de voix quand j’étais tout jeune », admet-il. « Je n’accompagnais pas la radio et je ne chantais pas autour des feux de camp. »
Cela ne l’a toutefois pas empêché, lui qui est désormais le visage du groupe alt-rock adoré de la critique Reuben and the Dark, de trouver sa voie comme auteur. Dès l’adolescence, il écrit de la poésie avec ferveur, s’empressant de coucher toutes ces idées sur papier — mais, ici encore, il ne ressent aucune urgence de partager son œuvre avec un public.
« J’ai eu toutes sortes de petits boulots désagréables et je prenais constamment des pauses pour aller à la salle de bain, m’asseoir avec mon carnet de notes et extérioriser tout ça », se souvient-il. « J’étais tout le temps habité par ce sentiment de “pourquoi je fais ça?? Suis-je censé partager ça??” J’étais très confus. »
À l’âge de 21 ans, son grand frère lui a fait don d’une guitare. Bullock a appris de manière autodidacte au cours d’un séjour en Thaïlande où il enseignait l’anglais. Il a appris 2 accords et, en un rien de temps, il avait écrit 20 chansons. « Ça y est », se souvient-il s’être dit. « C’est à ça que sont destinés tous ces mots. »
« Il y a beaucoup de ma vie dans ces chansons… Beaucoup de choses refoulées rattachées au fait d’être jeune. »
C’est également à ce moment qu’il a réalisé qu’il devrait apprendre à chanter s’il voulait rendre justice à ses mots. Il décrit ses premières tentatives comme étant « éthérées et douces », mais il se souvient très bien aussi d’un moment charnière où il s’est enfin décidé à chanter de toute sa voix. « Ç’a été très libérateur », dit-il tout simplement.
Fils d’un prédicateur, Bullock n’est pas le genre à vivre dans le passé ou à tenter de comprendre pourquoi il a réprimé sa voix. Sa jeunesse, il l’a passé entre deux villes un peu partout en Amérique du Nord, ce qui l’a ultimement et sans surprise mené à une rébellion contre la religion, bien qu’il fasse allusion à celle-ci comme une source d’inspiration.
« Il y a beaucoup de ma vie dans ces chansons… Beaucoup de choses refoulées rattachées au fait d’être jeune », confie-t-il. « Mais c’est sûr qu’il y a eu des périodes troublantes. »
D’une certaine manière, donc, chanter est également devenu une façon de se rebeller contre l’ancien Reuben, de la même manière que le skateboard, où il a atteint un niveau de compétition semi-professionnel, l’a été avant qu’il se tourne vers la musique. Déterminé à surmonter sa peur de chanter ou jouer devant public, Reuben a passé deux années à peaufiner son talent, parfois cinq soirs par semaine, dans des soirées ouvertes aux amateurs un peu partout dans Calgary, la ville qu’il considère désormais son « chez lui ». « Je répétais et répétais jusqu’à ce que ça commence à venir tout seul », raconte l’auteur-compositeur. « Mais c’était une source d’anxiété incroyable. »
Ruben Bullock explique qu’il y avait essentiellement deux raisons pour lesquelles à a assemblé un groupe de musique pour l’accompagner lors de l’enregistrement de son premier album solo, Pulling Up Arrows, en 2009 : premièrement parce qu’il se sentait plus à l’aise sur scène lorsque d’autres gens s’y trouvaient avec lui et, deuxièmement, parce qu’il a réalisé qu’il désirait cr.er quelque chose de plus grand que lui, musicalement, pas simplement « un gars qui chante une chanson qu’il a écrite. »
En 2012, il lance son second album solo, Man Made Lakes, où il est accompagné du groupe formé de son frère Distance Bullock aux percussions et au violoncelle, du multiinstrumentiste Shea Alain et du bassiste Scott Munro, groupe qui deviendra Reuben and the Dark et qui a connu de nombreuses incarnations depuis.
C’est cet album qui a attiré l’attention de Mairead Nash, l’imprésario du populaire groupe indie-rock britannique Florence and the Machine. Nash se trouvait au Mexique et est entré dans un café où un ami de Bullock travaillait. « Il faisait jouer mon CD et elle a aimé ce qu’elle a entendu et a demandé à mon ami ce qui jouait. »
C’est grâce à ce plus pur des hasard que Bullock est entré en contact avec Chris Hayden, le batteur de Florence and the Machine. Ensemble, ils ont donné une série « de concerts très rigolos dans des clubs » au Mexique et sont devenus très proches. Peu de temps après, Bullock s’est rendu à Londres pour travailler avec Hayden sur des chansons qui allaient ultimement se retrouver sur Funeral Sky, qui a été produit par Hayden avec des contributions des auteurs-compositeurs professionnels Stephen Kozmeniuk (Madonna, Nicki Minaj) et Jim Abiss (Arctic Monkeys, Adele). Cet album, le premier lancé sous le nom de Reuben and the Dark, est paru sur étiquette Arts & Crafts en mai 2014.
Et même si son ascension a été relativement rapide, Bullock prend bien soin de ne rien tenir pour acquis. « J’essaie d’être reconnaissant en tout temps », dit-il du chemin parcouru jusqu’à maintenant. Aujourd’hui âgé de 30 ans, il admet qu’il trouve encore quelque peu surréel de monter sur scène et d’entendre l’auditoire chanter ses paroles. « Chaque fois que ça se produit, je ne parviens pas à chanter la chanson sans sourire, à plus forte raison si j’établis un contact visuel avec une personne dans l’auditoire », explique-t-il en riant. « Une partie de moi a juste envie de sauter en bas de la scène et d’aller leur faire un immense câlin. »
« Les chansons doivent vous émouvoir si vous espérez qu’elles émeuvent quelqu’un d’autre. »
Reuben Bullock, dont on a depuis entendu la musique de dans une publicité de Travel Alberta, en 2015, ainsi que dans un épisode de la série Between diffusée par Netflix, explique qu’il se fait un point d’honneur de prendre le temps de rencontrer ses fans après ses spectacles. « C’est ça qui me motive à continuer », affirme l’artiste. « Être un musicien en tournée, c’est une vie épuisante, surtout si on ne s’accorde pas ce genre de récompense. Je me sens vraiment privilégié d’avoir le genre de réaction que nous avons. »
Mais peu importent les défis de la vie en tournée, elle est nul doute beaucoup plus facile du fait que Kaelen Ohm, l’épouse de Reuben, fait partie du groupe où elle joue de la guitare, des claviers et chante. Sans surprise, donc, il affirme que son épouse est celle qui le prépare mentalement à chanter devant des auditoires de plus en plus imposants, comme tout récemment au Massey Hall de Toronto où le groupe assurait la première partie de la tournée de nord américaine l’auteur-compositeur australien Vance Joy.
« J’ai adopté une nouvelle philosophie que m’a transmise mon amoureuse : présumer que les gens vous aiment avant qu’ils vous donnent une raison de penser autrement », confie Bullock. « Présumez que l’auditoire veut vous entendre. Avant, je montais sur scène en présumant que je devais faire mes preuves avec mes chansons. Maintenant, je monte sur scène en me disant que les gens veulent écouter et que je désire chanter. »
L’approche semble porter ses fruits. Son plus récent simple, « Heart in Two », lui vaudra sans aucun doute de nouveaux fans — rappelons-nous ici que Funeral Sky était inscrit sur la liste des albums préférés du nouveau premier ministre Justin Trudeau durant la campagne électorale —, mais la priorité de Bullock, qui s’est temporairement installé à Toronto pour élargir son réseau, demeure d’être présent pour son auditoire et de continuer à parfaire son art.
« J’essaie très fort de comprendre comment écrire les chansons que je suis censé écrire », explique-t-il de manière très introspective tandis qu’il se prépare pour un voyage de dernière minute au Mexique afin de s’y reposer. « Parce que je sais ce que je veux vraiment faire — j’ai au moins compris ça. C’est là, juste devant moi. C’est une guitare dans ma main. »
Mais peu importe la suite des choses, Bullock affirme qu’il continuera de créer des chansons qui semblent porteuses de sens pour lui comme pour les autres. « Les chansons doivent vous émouvoir si vous espérez qu’elles émeuvent quelqu’un d’autre », croit-il le plus simplement du monde. « Mon but, pour l’instant, c’est de me concentrer sur ça et d’aller jusqu’au bout. Tout ça a été un véritable cadeau du ciel. »
Photo par Michel Gagné
Classiques de la SOCAN : « Les Bombes » (1987)
Article par Philippe Rezzonico | mardi 23 fvrier 2016
« Les Bombes »
Écrite par Michel Pagliaro et Jimmy James
Éditée par Earth Born Music inc.
Dans une carrière, il y a des périodes charnières et des chansons plus marquantes que d’autres. Des titres à succès francophones ou anglophones, Michel Pagliaro en a enregistré plus que bon nombre d’artistes de sa génération. Les Bombes (Aquarius AQ6030), parue en 1987, s’est avérée particulièrement importante.
Cette chanson de gros calibre a ramené Pagliaro sur disque après six ans d’absence et elle est devenue en quelque sorte le tremplin de l’album Sous peine d’amour, paru l’année suivante. Les Bombes, ce fut le retour éclatant de Pag. Retour en arrière.
En ce matin glacial de février dans un café de Montréal, Michel Pagliaro remonte la machine du temps pour discuter de la création de la chanson qui s’est effectuée dans deux pays. Le premier étant la France, où l’artiste a résidé durant cinq ans.
« La chanson, je l’ai faite à Paris. Je dirais entre 1984 et 1985. Du moins, la première ébauche », se souvient Pag, dont le regard est toujours aussi perçant quand il enlève ses incontournables lunettes noires.
« C’est bizarre à dire, mais même si la chanson date de près de 30 ans, c’est à peu près le même monde qui est dans la même soupe. Ça n’a pas vraiment changé. C’est toute la même affaire. »
« Après ça, j’ai commencé à faire des maquettes. Je m’étais bricolé un genre de petite machine pour faire une maquette parce qu’il me manquait des fils… Des alligators clips, pour toutes sortes de raisons. L’appartement où j’étais avait été… (rires) avait été « attaqué » par un garçon qui jouait de l’harmonica pour (Jacques) Higelin. Il avait fait un trou dans le mur à coups de marteau. C’était particulier… Mais je n’ai pas terminé la chanson là-bas. »
Les Bombes verra le jour sur le sol québécois, au retour de Pagliaro au bercail. Le guitariste Jimmy James était au nombre des musiciens qui ont participé aux sessions d’enregistrement.
« J’avais travaillé avec Michel avant son séjour en Europe, se souvient James. Quand il est revenu, il avait besoin de musiciens et on a renoué. Mike est toujours spontané. Il arrive des fois avec quelque chose comme un riff et il demande : « Qu’est-ce qu’on peut faire avec ça ? » Ça s’est passé comme ça. »
Les musiciens ont travaillé à partir de la maquette d’origine pour les couplets, mais ce fut une autre histoire pour le refrain et le pont musical.
« Je me disais qu’il fallait qu’on aille ailleurs, précise le guitariste. Ma contribution a été liée au bridge ainsi qu’au solo. Là, on a quitté le riff de base, sinon, la chanson allait être toujours sur le même tempo. Et après, on a retravaillé les paroles. »
« Le texte sur la maquette finale n’est pas exactement celui qui a vu le jour en France, précise Pagliaro. Il y a eu quelques retouches. Il y avait des couplets avec les pays « Madagascar », « Haïti », « Viêt Nam », toute la patente… »
On pourrait présumer que le scandale de l’Irangate (la vente d’armes des Américains à l’Iran) qui a fait couler beaucoup d’encre au milieu des années 1980 était l’inspiration de la chanson. Il semble qu’il n’en est rien.
« Il y a sûrement, des fois, des motivations… Comment je pourrais dire… Des motivations cérébrales pour faire quelque chose, souligne Pagliaro. Mais, habituellement, dans mon cas, c’est organique. Dans le sens où il y a une volonté de faire, de développer quelque chose quand tu as un beat en mains ou dans la tête.
« Et puis, tu sors une phrase qui te donne une idée. Parce que c’est de la musique et pas seulement de la pensée. Il faut que ça devienne physique. Concret. La musique, il faut que tu la joues. Tu ne peux pas qu’y penser. En fait, tu peux y penser, mais à un moment donné, il faut que tu entendes de quoi ».
La réputation de perfectionniste en studio de Pagliario est bien connue. Quand le 45-tours Les Bombes/Dangereux a vu le jour, le principal intéressé avait des réserves.
« J’aimais pas le disque. Je n’aimais pas comment ça sonnait, jure Pag. Mais à un moment donné, il fallait que ça sorte. »
Les Bombes n’a pas été restreint au format 45-tours très longtemps. Les deux titres (l’autre étant Dangereux) se sont rapidement retrouvés sur la compilation Pag Avant (Aquarius/Capitol AQ547, 1987). Et si elles n’étaient pas sur le premier pressage de Sous peine d’amour (Alert 281009-2, 1988), le duo de chansons s’est retrouvé sur le second pressage, sur étiquette Audiogramme.
« On avait enlevé deux chansons en anglais (It’s Love, Rock Somebody) pour mettre Les Bombes et Dangereux. Mais ce sont des décisions de compagnies de disques », ajoute Pagliaro, sourire en coin.
Les Bombes a donc eu droit à trois diffusions distinctes (45-tours, compilation, album original) et a contribué à la relance de Pagliaro qui a marqué un grand coup avec Sous peine d’amour. Depuis? Rien, ou presque, rayon matériel original. Uniquement l’inédite Tonnes de flashes, insérée dans le coffret du même nom (Musicor MUPSCD13-6432) paru en 2011.
La suite pour bientôt? Inutile de poser cette question à Pag, mais notez que l’entrevue a été faite dans un café situé sous le studio dans lequel il est retourné travailler après notre conversation. Espoir, donc. Mais le temps presse…