Après une ascension spectaculaire dans le paysage de la chanson pop avec un premier album remarqué (Victoire de la chanson de l’année pour « Comme des enfants », deux Félix – Révélation de l’année et Artiste s’étantl le plus illustrée hors Québec, nommée dansla longue liste des Prix Polaris et aux Juno), Coeur de pirate est de retour avec sous le bras Blonde, enregistré à l’été 2011 à l’Hotel2Tango à Montréal avec le réputé Howard Bilerman (The Dears, Arcade Fire), coréalisateur avec elle.
Béatrice Martin avait mis tout un pan de son adolescence en chansons sur son premier album homonyme, et ce faisant, c’est comme si elle avait ouvert son journal intime. « Coeur de pirate a pris de l’ampleur assez rapidement, convient-elle. Au début je ne savais pas comment gérer tout ça. J’avais toujours été la fille invisible. Tout d’un coup, j’ai été projetée dans un monde qui m’a forcée à grandir très vite, un monde où j’avais perdu mes repères… Mes premières années en tant que Coeur de pirate m’ont fait vivre des sensations fortes et ça, ça me donne toujours envie d’écrire des chansons. »
Aujourd’hui son adolescence est derrière elle,mais ses chansons témoignent d’une intériorité toujours aussi mouvementée : « À momentdonné, j’ai réalisé que je projetais l’image d’une fille au-dessus de ses affaires, mais quand les gens venaient me parler dans la rue, je ne savais pas quoi leur dire, je n’arrivais pas à gérer ce qui se passait. J’ai donc écrit, dans cet état-là, des chansons qui parlent de relations interpersonnelles compliquées et autodestructrices. » Les siennes, mais aussi celles de personnages en orbite autour d’elle comme « Ava », l’histoire d’une prostituée croisée dans un bar qui lui a confié être amoureuse de son proxénète.
Blonde pour la couleur de sa chevelure, mais aussi au sens d’amoureuse. « C’est l’album d’une co-dépendante, d’une fille qui a vécu pour l’autre et qui veut faire la paix avec son passé amoureux. Les filles vont s’y retrouver, » croit la Montréalaise. Musicalement, on sent l’influence de la pop des années 60, on pense Françoise Hardy ou Nancy Sinatra et l’on remarque que le piano est moins présent que par le passé. Les arrangements étoffés (signés Michel Rault) sont à souligner. Le premier extrait, « Adieu », rapproche Coeur de pirate de la pop raffinée et oblique de la Suédoise Lykke Li.
Entre ses débuts comme phénomène MySpace et la star adulée se produisant devant des auditoires de plus en plus vastes qu’elle est devenue tant en France qu’au Québec, Béatrice Martin a porté la flame olympique, chanté pour Coke, twitté frénétiquement, prêté sa voix au personnage de la Schtroumphette lors de la sortie française du film Les Schtroumphs, reçu la benediction des Inrockuptibles, et partagé le micro avec Robert Charlebois, Francis Cabrel, Julien Doré, Les Trois Accords, Nicolas
Sirkis (Indochine), David Usher et Jay Malinowski de Bedouin Soundclash, avec qui elle a fondé le groupe Armistice et lancé un maxi en février 2011.
La romantique aux bras tatoués en a fait du chemin en trois ans. Face à la « hype » et aux détracteurs, est-elle mieux armée qu’à ses débuts? « Apparemment, le statut de personnalité publique implique que les gens puissant te dire leur façon de penser sans crier gare, dans la rue, sur Internet. J’ai beau dire que j’ai changé, je pense que je ne serai jamais à l’abri de mes insécurités… Ça fait mal des fois, mais on finit par passer au travers. »
Et Béatrice en convient : tout l’amour que lui renvoie le public au centuple est un baume puissant pour réparer les coeurs écorchés.